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 On ne naît pas mauvais ; on le devient.

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Luc
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Luc


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Date d'inscription : 10/08/2014
Localisation : Sous-sol de la vieille Chapelle de B~A

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MessageSujet: On ne naît pas mauvais ; on le devient.    On ne naît pas mauvais ; on le devient.  Icon_minitimeDim 16 Nov - 18:24

1 - When I met you...


- Allez-y, essayez donc d'allumer une flamme sur vos doigts !

Le grand chauve musclé s'essuya son front couvert de sueur. En ce début d'après-midi, le soleil cognait fort et il supportait mal cette chaleur étouffante dans son épaisse armure dorée. Il observait les dix enfants debout devant lui. Ils avaient tous leurs petites mains tendues et ne cessaient de prononcer une formule : « Caïéré flamas ». Mais rien ne se produisait. Le professeur soupira de dépit en voyant que sa classe restait au même point depuis plusieurs jours déjà lorsque brusquement l'un des enfants poussa un petit cri de joie. Il avait de courts cheveux coiffés en pics grossiers entre le blond et le châtain, et sa taille ainsi que son visage juvénile ne lui donnaient pas plus de douze ans. Une petite flamme rougeâtre venait d'apparaître au-dessus de son index droit. Tout heureux, il souffla dessus et celle-ci s'éteignit. Le professeur le félicita, assez content qu'enfin l'un de ses élèves y arrive, puis libéra la classe pour le reste de la journée. L'enfant prodige, au visage tout souriant, se retourna subitement en arrière sentant une présence. Il se précipita d'un seul coup sur la personne qu'il venait d'apercevoir à quelques mètres de là et lui sauta littéralement dans les bras. L'individu le rattrapa facilement et le serra fort contre lui. De part ses cheveux bleus presque turquoise, ses yeux de la même couleur et son doux visage, on ne pouvait que le reconnaître.

- Luc ! cria l'enfant
- Dorel !
- T'as vu, t'as vu ? J'ai allumé une flamme avec ma magie !
- C'est vraiment incroyable Dorel ! dit Luc d'une voix emplie de tendresse envers l'enfant. J'espère que tu as d'autres tours surprenants à me montrer.
- J'apprends vite !
- Je suis très fier de toi. Bientôt, tu pourras me battre, et même vaincre mon père ! dit-il en rigolant légèrement.
- Tu penses ? Ce serait trop génial de te battre toi et le roi ! Même si jamais je te ne ferai de mal Luc.
- J'en suis convaincu.
- Merci Luc, je suis content que tu sois fier de moi ! Tu viens me ramener chez moi ?
- D'accord ! Tu me raconteras ta journée et je te montrerai peut-être un petit tour en chemin !

L'enfant, satisfait, grimpa sur les épaules de Luc qui commença à quitter les lieux. Sur le chemin, l'homme âgé de dix huit ans et le petit garçon ne cessèrent de rire, et Luc n'hésita pas à montrer quelques petits sortilèges simplistes pour épater l'enfant. Ainsi, il souleva plusieurs petites pierre pour les faire tourner en l'air entour d'eux, il fit apparaître des flammes sur tous ses doigts...
Cela faisait une bonne heure qu'ils marchaient, ne cessant de s'amuser, lorsque Luc bouscula une jeune femme. Celle-ci fit tomber une petite baguette de bois sur le sol, et Luc fit descendre l'enfant de ses épaules pour se baisser et ramasser l'objet. La jeune femme, aux longs cheveux blonds comme les blés, se tourna vers lui, légèrement surprise de se retrouver face au Prince des lieux.

- Oh, je ne savais pas que j'avais à faire au Prince Luc ! parla-t-elle d'un ton empli d'une pointe de sarcasme
- Aha... Tenez, voici votre baguette, vous l'avez fait tomber.

Luc tendit la main, tenant l'objet pour le rendre à sa propriétaire. Celle-ci riva ses yeux à la fois verts, gris et marrons sur ceux du prince. Elle le regarda pendant quelques secondes avant de secouer légèrement la tête et récupérer l'arme de bois.

- Je vous remercie !
- Je suis navré de vous avoir bousculé. Pardonnez-moi, heu...
- Elena. Je m'appelle Elena !
- Eh bien excusez-moi Elena.
- Je ne m'attendais pas à ce que le Prince soit aussi... Hm... Gentil envers ses sujets ?
- Je déteste qu'on me nomme par mon titre honorifique. Je suis un sorcier, comme tout le monde ici.
- Ma foi, ce fut un plaisir « mon Prince ».

La jeune blonde au visage magnifique lui adressa un dernier sourire avant de se détourner, balançant ses longs cheveux blonds dans les airs avant de s'en aller en marchant d'un pas léger. Luc garda son regard dans le dos de celle-ci pendant quelques secondes, observant la longue robe verte serrée dont était vêtue la jeune femme avant d'être rappelé à la réalité par Dorel.

- C'est ta femme Luc ?
- Quoi ?! Mais non Dorel voyons ! Ne dis pas de bêtises. Allez, ta mère doit s'impatienter.

Dorel éclata d'un rire cristallin d'enfant avant de prendre la main droite de Luc dans la sienne. Ils continuèrent le chemin pendant un petit quart d'heure avant d'arriver à une petite maison ronde en pierre et au toit en bois. La porte de la bâtisse était ouverte, et une femme qui ne devait pas dépasser la quarantaine aux cheveux à moitié-court coiffés en queue de cheval châtain sortit en voyant son fils arriver. Celui-ci lâcha la main de Luc, le serra dans ses bras pendant quelques minutes puis courut en direction de sa mère. Celle-ci le pris dans ses bras avant d'adresser un sourire à Luc et de baisser très légèrement ses genoux en guise de témoignage de la noblesse. Luc soupira, lui adressa un sourire à son tour et lança un joyeux « Bonne soirée Dorel ! ».
Le prince sorcier quitta les lieux et prit un autre chemin que celui emprunté pour ramener Dorel chez lui. Après quelques petites minutes de marches sur une petite bande de terre, il atteignit une petite plage de sable fin. Lâchant un petit sourire, il s'assit à deux petits mètres de la mer, tournant la tête en arrière. Il pouvait apercevoir le grand château de pierre où il résidait. Se détournant, il observa la mer, et tout en lâchant un petit soupir, ferma doucement les yeux. L'eau salée, jusqu'à présent calme, commença à s'agiter. Au bout de quelques secondes, des petites bulles d'eau se soulevèrent, de plus en plus nombreuses, volant jusqu'à quelques mètres au-dessus de la tête du sorcier. Luc ouvrit doucement les yeux et les multiples bulles éclatèrent, lâchant une petite pluie d'eau ressemblant plus à une volée de paillettes brillantes qu'à autre chose.

- C'est beau. dit une voix féminine.

Luc se retourna subitement, restant assis. Il fut surpris de voir derrière lui la jolie jeune femme blonde qu'il avait vu plus tôt dans l'après-midi. Celle-ci s'approcha et alla s’asseoir près de lui. Elle lui adressa un petit sourire avant de diriger son regard par delà les océans.

- M'espionnerais-tu ? demanda Luc avec un petit air suspicieux.
- Bien sûr que non ! Mais... J'adore venir sur cette plage. C'est un lieu de ressourcement pour moi. Et ça me rappelle mes voyages de ces dernières années en dehors de l'île.
- Je dois avouer que je viens souvent ici me reposer... Tu es un « Aventurière » ? C'est pour ça que je ne t'avais jamais vu !
- En effet, j'en suis une, j'ai quitté l'île Fortunée ces dernières années pour me rendre dans les Terres Inconnues. C'était tellement tentant comme aventure !
- Mon père m'a toujours interdit d'aller vers les Terres Inconnues, mon devoir de Prince me rappelant toujours à l'ordre. Et pourtant ! Je sais pertinemment que mon frère jumeau sera choisi pour lui succéder au trône.

La jeune femme lâcha un petit rire avant de tendre les mains en direction de la mer. Celle-ci, qui était redevenue calme après le petit tour de magie de Luc, commença une nouvelle fois à se troubler. Cette fois-ci, de petites filets d'eau se soulevèrent dans l'air, et lévitèrent, formant de magnifiques rubans d'eau qui s'entremêlaient. Le sorcier observa le spectacle qui ne dura que quelques minutes avant qu'Elena ne cesse sa prouesse magique.

- Tu sais... Tu as l'air différent, toi. dit-elle doucement
- Ah ?
- Oui... Enfin, tu n'es certainement pas comme ton frère. Et puis c'est rare de voir un haut dignitaire s'occuper d'un enfant de cette façon, comme ça...
- Oh tu parles de Dorel ! C'est vrai qu'il est mignon. Il a perdu son père lorsqu'il était encore tout petit, et cela fait quelques temps qu'il m'a comme qui dirait adopté.
- C'est chou. Je vais devoir te laisser mon petit Prince, je dois rentrer chez moi, la nuit va bientôt tomber. Peut-être qu'on se reverra... Aurevoir, petit Prince.

Luc rigola légèrement en observant la jeune femme quitter la plage. Elle avait certainement compris que le sorcier détestait qu'on l'appelle par son titre honorifique et en avait fait un petit surnom. Le jeune Prince resta quelques instants sur la plage avant de rentrer lui aussi chez lui. Il habitait dans le grand donjon situé au centre même du grand château qui était au cœur de l'île fortunée.

Luc se réveilla doucement, les rayons du soleil lui titillant les paupières. Repoussant la grosse couverture rouge, il se leva et ouvra l'unique grande fenêtre à carreaux. Laissant l'air frais venir à lui, il observa avec attention les alentours du donjon. Apercevant le marché qui grouillait de monde aussi tôt, il se décida à s'y rendre après avoir mangé un morceau. Prenant un pantalon de cuir marron moulant et un haut en tissu rouge qu'il enfila, le jeune homme quitta sa chambre. Passant par un grand couloir luxueux aux nombreux chandeliers dorés et aux magnifiques fresques rouges et or, il fit des signes de tête à tous les soldats situés devant différentes portes de bois. Il descendit de grands escaliers de pierre blanche avant d'ouvrir des deux mains une énorme double porte de bois. Avançant rapidement dans la grande salle où il se trouvait à présent, il s'installa sur une chaise à la grande table occupant pratiquement tout l'espace central de la pièce en longueur. Personne n'était assis en bout de table mais une assiette avec quelques restes de fruits était posée devant la chaise. En revanche, en face de Luc, se trouvait... Une copie conforme de lui. La seul détail les différenciant était la petite marche rouge qu'avait son frère jumeau au niveau de la joue gauche et de l'oeil. Luc prit un morceau de pain et se servant un verre d'un drôle de liquide orange.

- Bonjour Luc.
- Coucou Lucas !
- C'est une bien belle journée aujourd'hui.
- Justement, je comptais en profiter pour aller au marché, voir un peu les étalages. Tu veux venir ?
- J'aurais bien voulu mais j'ai un rendez-vous important avec un apothicaire au dehors du château. D'ailleurs, je crains fort d'être en retard là-bas, je te laisse. Bon appétit.

Son frère une fois parti, Luc engloutit très rapidement quelques tranches de pain, un peu de fromage et des fruits avant de quitter le donjon. Il prit rapidement un petit chemin de terre menant au grand marché qui était juste à côté, se passant entre plusieurs rues. Se mêlant à la foule, il observa avec attention les marchands vendant leurs produits. Certains amenaient des fruits et des légumes venant, paraît-il, des Territoires Inconnus. D'autres vendaient des armes magiques forgées à l'aide du souffle d'un dragon. Ils pouvaient être prêts à tout pour vendre leurs produits... Mais le sorcier fut attiré par l'étalage d'une une vieille femme qui vendait des bibelots magiques. Mais les articles ne l'intéressaient pas particulièrement ; son regard avait surtout remarqué... La jeune femme blonde de la veille, qui était juste devant le stand et observait les articles. Luc eut un petit sourire sur les lèvres, ravi de la revoir. Avec son rôle de Prince de l'Ancienne Religion, les gens ne cessaient de faire des courbettes ou de le respecter, mais elle n'avait pas pris cette peine là. Et le sorcier préférait être perçu comme ça, comme un homme sans un statut particulier. S'approchant de la blonde, il lui toucha les épaules de ses deux mains, et celle-ci sursauta légèrement avant de tourner la tête vers lui. Un sourire se dessina sur ses lèvres.

- C'est dans l'habitude de tous les Princes de faire peur aux demoiselles comme moi ?
- Mais pas du tout, ne vous méprenez pas Elena.
- Oh ! Je suis surprise que vous m'ayez reconnue. Et surprise aussi que vous sachiez encore mon prénom. Moi qui pensait être passée inaperçue hier...
- En effet, j'aurais pu vous oublier et faire comme ci je n'avais vu personne hier, mais je préfère garder les bons moments en mémoire.
- A croire que je vous ai tapé dans l’œil mon Petit Prince !

Elle rigola légèrement tandis que Luc lâchai un sourire, et se détournait légèrement de lui pour observer un petit papier blanc qu'elle tenait dans les mains. La vieille femme qui vendait cela, voyant qu'Elena était intéressée, lui expliqua qu'il s'agissait d'un papier révélateur, qui montre aux gens des secrets inavouables, des pensées profondes ou des choses que nous même ne savons pas. Il n'y avait qu'une simple formule à prononcer accompagnée d'un petit souffle de la personne voulant l'utiliser et le papier s'activait. La jeune blonde sortit quelques pièces de sa longue veste noire et les posa devant la vieille, qui acquiesça avant de les prendre. Elle prit ensuite par le bras le sorcier et le guida un peu plus loin où il y avait moins de monde, entre deux marchands. Il fut légèrement surpris, mais elle lui annonça qu'elle voulait tester le papier avec lui. Cela pouvait être amusant. Elena tint le papier devant elle, à l'abri du regard de Luc, et prononça la petit formule que la vieille vendeuse lui avait dit. Ceci fait, elle souffla sur le papier et observa. Un petit sourire apparut alors sur son visage, mais il se figea. Elle ouvrit grand les yeux comme si elle ne comprenait pas ce qu'il se passait avant de lui tendre le papier.

- Heu... A toi.

Luc, prenant à son tour l'objet magique, exécuta la formule et souffla dessus. Pendant quelques secondes, rien ne se passa. Le sorcier souria donc à l'image de la jeune blonde, pensant que le papier ne marcherait pas. Mais brusquement, une tâche noire se matérialisa dessus. Progressivement, elle prit tout l'espace sur le papier, et montra une image... Elena ! Le papier me montrait Elena ! Luc le lâcha, le laissant tomber sur le sol doucement, avant d'observer la jeune femme devant lui. Avait-elle vu la même chose ? Toujours est-il qu'elle tourna brusquement la tête en arrière, et lui dit qu'elle devait partir car elle avait oublié quelque chose d'important. Prenant ses jambes à son coup, elle laissa le jeune Prince seul, le petit papier à ses pieds. Celui-ci était encore éberlué de la vision qu'il avait eu sur le papier, et ne savait pas tellement comment l'interpréter. Récupérant la feuille, ll fit donc le chemin en sens inverse pour retourner voir la vieille dame qui était occupée à vendre une drôle de peluche à une enfant. Le voyant arriver et le reconnaissant, la vieille dame se baissa légèrement en guise de reconnaissance avant de lui demander si le papier qu'elle avait vendu à Elena et lui-même avait été satisfaisant.

- Eh bien... Disons que je ne sais pas comment interpréter ce que j'ai vu.

Luc approcha sa tête de la vieille femme pour lui montrer qu'il ne voulait pas trop que toute la populace apprenne ce qu'il avait vu. Celle-ci s'approcha donc et il lui expliqua qu'il avait vu la jeune blonde. La vieille laissa échapper un tout petit rire avant de lui glisser à l'oreille « Il semblerait que vous ayez trouvé l'amour de votre vie, aha ! ». Elle se détourna ensuite de lui, voyant des clients qui désiraient acheter quelque chose. Le sorcier quitta les étalages et s'écarta de la foule, prenant le chemin de pierre permettant de quitter le château. Il ne savait plus trop quoi penser ; c'est vrai, il n'a jamais été confronté à une telle situation ! Et puis tout ce qui concerne l'amour... Il ne s'y ai jamais vraiment intéressé.
Perdu dans ses pensées, le sorcier ne vit pas le petit garçon qui venait de lui rentrer dedans. Luc s'excusa avant de reconnaître Dorel. Le gamin se releva et rigola légèrement.

- Bah quoi Luc, tu regardes pas où tu marches ?
- J'étais perdu dans mes pensées, excuse-moi Dorel.
- C'est pas grave ! En plus t'es la deuxième personne qui me bouscule comme ça !
- Ah bon ?
- Bah oui, ta femme d'hier, elle m'a même pas vu et m'est rentrée dedans comme une folle !
- Dorel, je t'ai déjà dit que ce n'est pas ma femme.
- Je sais pas moi, je sais pas ! J'te laisse Luc, j'ai mon cours de magie. Tu viendras me voir ?
- Je ne sais pas Dorel, peut-être. Bon cours !

Luc secoua la tête en observant l'enfant partir. Il lui fallait réfléchir un peu, se vider la tête doucement. Il décida de se rendre à sa plage favorite pour aller méditer. Et le simple fait de marcher lui ferait du bien.
Lorsqu'il l'atteignit, il ouvrit grand les yeux en voyant une personne allongée sur le sable. S'approchant un peu plus, il reconnut aux cheveux blonds et à la longue veste noire Elena. Pourquoi fallait-il qu'elle soit toujours là où il souhait être ? Cela ne pouvait plus être des coïncidences ! Le sorcier se détourna lentement et commença à marcher en arrière lorsqu'il fut rappelé à l'ordre par la voix mélodieuse de la jeune femme.

- Je sais que tu es là. Tu peux rester, hun.

Le sorcier soupira légèrement avant d'aller s'asseoir près d'elle. Il tourna la tête vers elle, l'observant  de plus près. Elle était vraiment belle si on s'y attardait. Mais Luc reporta son attention vers l'océan en la voyant se redresser et se mettre assise près de lui. Ils ne souhaitaient pas briser le silence reposant qui s'était installé, mais Luc se décida à le faire pour vérifier ce qui lui taraudait l'esprit.

- Heu... Dis-moi, tu as vu quoi sur le papier ?
- Ah... J'ai vu... Heu... Mon père. Oui, c'est mon père que j'ai vu.

Luc ne répondit pas tout de suite. Il était à la fois soulagé qu'Elena ne l'ait pas vu sur la papier mais il était aussi... Un peu déçu. C'était assez étrange. Il ne s'était pas attendu à être aussi partagé entre ces deux réactions. Ne laissant rien paraître, il se décida à poursuivre la conversation.

- Tu sais pourquoi il est apparu sur le papier ?
- Oui... Parce qu'il me manque.
- Est-il... Mort ?
- Non. Enfin... Il a disparu. Durant l'un de ses voyages dans les Terres Inconnues. Nous ne l'avons plus jamais revu.
- C'est pour ça que...
- Que je suis une aventurière ? C'est exactement ça. Au départ, je souhaitais de tout cœur le retrouver, mais je me suis vite aperçue que ce serait trop difficile. Alors j'ai pris goût à l'aventure...

Une petite brise de vent marin souffla sur les deux jeunes gens et Luc sentit le corps d'Elena trembler tant il était proche du sien. Tremblait-elle à cause du froid ou plutôt... Parce qu'elle était triste ? Luc le sentit, et passa doucement son bras gauche autour d'elle. Elle sursauta légèrement mais ne le repoussa pas, sentant la présence assez rassurante du jeune homme.

- Je suis désolé...
- Oh, tu n'as pas à l'être.
- Tu sais, je peux comprendre...
- Hm ?
- Je n'ai jamais connu ma mère. Elle est morte lorsque je suis né d'après mon père.
- On ne regrette pas quelque chose que l'on n'a jamais eu...
- Peut-être, mais en avoir eu une m'aurait certainement ravi. Pour moi, la famille est très importante.
- C'est pareil pour moi... Il faut que j'arrête de parler de moi ! Je vais faire pleurer des morts après. Et toi, tu as vu quoi sur ton papier ?

Elle lâcha un faux sourire, signe qu'elle était triste à cause de ce qu'elle avait dit au sorcier. Elle passa sa main droite sur ses yeux, soufflant légèrement, avant de se tourner vers Luc, attendant sa réponse. Il ne s'était pas attendu à ce qu'elle le lui demande ; il avait été assez bête sur ce coup-là. Soupirant doucement, il se décida à lui dire la vérité, le mensonge n'étant pas dans sa nature.

- J'ai vu t...
- Non ! En fait, tu devrais garder ça pour toi. Comme ça tu auras un secret.
- Mais...
- Les gens avec des secrets sont plus mystérieux et donnent envie à ce qu'on s'intéresse à eux.
- Dois-je en conclure que... Tu veux t'intéresser à moi ?
- Je ne le fais pas déjà ?

Luc allait répondre quelque chose mais la jeune blonde se tourna doucement en sa direction et lui fit un simple bisou sur la joue avant de se lever et de partir en courant. Les joues du sorcier se mirent à rougir très légèrement. Il se releva doucement, mais tourna brusquement la tête en entendant un petit rire. Il ouvrit grand la bouche en voyant Dorel, assis un peu plus loin. Luc s'approcha de lui et se mit à sa hauteur, lui adressant un faux regard noir.

- Toi aussi tu te mets à m'espionner Dorel ?
- Pourquoi tu veux pas m'avouer que c'est ta femme ?
- Parce qu'elle ne l'est pas !
- Bah depuis le temps que je te connais t'as jamais été comme ça avec une fille.
- Tu devrais te mêler un peu plus de tes affaires Dorel, comme ton cours de magie !
- Je sais, et tu vas m'emmener comme ça le prof pourra pas dire que c'est de ma faute !
- Mais...
- Allez on y va Luc !

Le jeune garçon rigola et grimpa sur les épaules de Luc, lui tirant légèrement les cheveux pour l'obliger à avancer. Le sorcier n'eut pas d'autres choix que d'amener Dorel à son cours de magie en retard. Bien heureusement pour le jeune garçon, lorsque le sorcier arriva à destination, il dit au professeur chauve qu'il avait gardé Dorel plus longtemps et qu'il s'en excusait. Le petit garçon lui fit un petit bisou sur la joue avant de partir en direction des autres élèves. Luc soupira. Il avait été tellement concentré avec Elena qu'il n'avait même pas remarqué que Dorel l'espionnait. A croire qu'il n'était pas la même personne quand il était avec elle... Mais un problème persistait. Dorel disait vrai : Luc n'avait jamais été comme ça avec une fille. Son statut privilégié de Prince lui en avait éviter de nombreuses.
Sa longue matinée avait été éprouvante et Luc se décida à rentrer au donjon pendant quelques heures. Son frère et son père avaient sûrement déjà pris le repas, ils ne les verraient sans doute pas. Mais de toute façon le jeune homme n'avait pas faim. Il se dirigea donc dans sa chambre, ferma la porte et s'allongea sur son lit, fermant les yeux. Il fallait faire un point. Oui, il se sentait extrêmement bien en la compagnie de la jeune femme blonde. Et c'était rare qu'il se sente aussi à l'aise avec quelqu'un. Le simple fait de discuter avec elle lui donnait envie de dire tout ce qu'il a sur le cœur, de lui dévoiler tous ses problèmes. Et elle était différente. Ce n'était pas son visage de prince ou de génie qu'Elena semblait avoir vu, mais plutôt son vrai lui, quelqu'un d'assez lésé par ce qui l'entoure, aimant et doux.

- Bah, je dois divaguer. Je ne peux pas tomber amoureux au bout de deux jours.

Alors qu'il réfléchissait à voix haute, Luc entendit un bruit de l'autre côté de la porte. Comme si quelqu'un venait de tomber. Ou plutôt... Comme si quelqu'un se trouvait juste derrière la porte en train d'écouter. Se levant de son lit, Luc glissa la main en-dessous et il en ressortit une longue épée à la lame turquoise et au manche incrusté de pierres rouges et jaunes. Ouvrant brusquement la porte, Luc n'eut que le temps de voir un bout de veste noir passer dans le couloir juxtaposé au sien. Rapide et vif d'esprit, le jeune homme emprunta le même chemin en courant rapidement. Il avait une bonne force physique et entre les différents couloirs il put aisément rattraper la personne qu'il poursuivait. Son intuition ne l'avait pas trompée ; si la personne prenait la fuite, c'est qu'elle avait quelque chose à se reprocher, comme de l'espionnage. D'une bonne impulsion sur ses jambes, Luc sauta sur la personne qui commençait à tourner à droite. Mais lorsqu'il s'accrocha à elle, celle-ci tomba... Précipitant le jeune homme dans sa chute. Ils roulèrent sur un petit escalier qui ne contenait que très peu de marches, heureusement, et furent tous les deux sonnés. Mais Luc reprit plus rapidement ses esprits et se mit à genoux au-dessus de l'espion. Celui-ci, vêtu d'une longue cape noire, avait un capuchon rabattu sur la tête. Luc pointa le bout de son épée sur la gorge de la personne, lui enlevant sa capuche...

- Elena !
- Je dois... Avouer que tu es un sacré coureur mon petit Prince.
- Je rêve où tu m'espionnais encore ?
- Ce n'est pas ce que tu crois !
- Visiblement, si !

Le jeune homme, soulagé, retira la lame de son épée, et alors qu'il se relevait, Elena put reprendre suffisamment d'appuis pour lui envoyer une jambe sur celles en mouvement du sorcier, si bien qu'elle le fit tomber en arrière. Profitant de cela, elle se plaça au-dessus de lui, un sourire ravi aux lèvres.

- Tu baisses ta garde trop rapidement ! S'amusa-t-elle à lui dire
- Tsss... Pourquoi tu m'espionnais ?
- Disons que... Heu... Ce n'est pas mon père que j'ai vu sur le papier.
- Ah bon ?
- Non, mais tu le savais déjà. Je me trompe ?
- Tu veux dire que...
- Luc. Tu as vu quoi sur ton papier ?
- Heu... Mais... Je t'ai vu toi.
- Luc.
- Oui ?
- Je t'ai vu toi sur mon papier.

Le jeune sorcier observa pendant quelques secondes le visage de la jeune femme au-dessus de lui. Il contempla ses beaux yeux, ses magnifiques cheveux avant de s'approcher d'elle et de déposer un petit baiser sur ses lèvres. Le rompant rapidement, elle l'observa elle aussi pendant quelques secondes avant de l'embrasser à son tour, plus longtemps. Luc le savait maintenant. Et ça ne datait plus de l'histoire du fameux papier magique, malgré que celui-ci lui avait ouvert les yeux. Il avait fallu de leur première rencontre pour que son cœur et son esprit soient différents.

Observant de l'escalier juste en-dessous avec un bon angle de vue, Dorel laissa un grand sourire apparaître sur son visage. Il avait reconnu la jeune femme qui suivait Luc et s'était amusé à la suivre à son tour. Il avait bien fait.

- Je savais bien que c'était sa femme !


Dernière édition par Luc le Mer 25 Mar - 18:50, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: On ne naît pas mauvais ; on le devient.    On ne naît pas mauvais ; on le devient.  Icon_minitimeSam 29 Nov - 22:20

2 - Love cannot be stopped.


Les flammes des quelques torches dansaient sur les murs de la grotte circulaire. Au centre de l'espace rocheux, un grand grand rocher noir fait office de promontoire permettant à trois silhouettes encapuchonnées de la tête aux pieds d'y siéger. Elles regardaient toutes au centre du promontoire ; disposées en formant un triangle. L'une avait toute sa cape rouge. L'autre l'avait noire. Et la dernière silhouette l'avait en bleu foncée. Au pied des trois personnes et du rocher se trouvait une autre silhouette encapuchonnée. Celle-ci, vêtu d'une grande cape noire, faisait les cent pas autour de la pièce. Elle s'arrêta brusquement et prit la parole. A sa voix grave et froide, on devinait aisément le sexe masculin de cette personne.

- Je ne comprends pas.

Les trois silhouettes eurent toutes un petit rictus, et sans détourner la tête, reprirent la parole. Leur voix à chacune était à la fois vieille, emplie de magie et assez féminine. Elles prirent la parole l'une après l'autre, complétant leur phrase à chaque fois.

- Tu n'arriveras pas
- A tes fins
- En continuant comme ça.
- Je vous écoute ! Pourquoi ne pourrai-je pas réaliser la responsabilité qui m'incombe ? demanda l'homme
- C'est à cause
- Du sorcier Luc
- Et de sa future fiancée.
- C'est... Impossible. Que voulez-vous dire ?
- Les visions
- Que nous avons eu
- Ne sont pas forcément très claires.
- Vous êtes la Triade. Vous savez très bien alors répondez.
- Ils sont l'objet eux aussi
- D'une prophétie
- Qui t'empêchera de réaliser ton projet.
- Alors il suffit simplement de rompre leur amour ?
- La façon.
- Dont il faut s'y prendre
- N'est pas interprétable.
- Je vais donc me débrouiller... Merci à vous.

L'homme encapuchonnée se détourna des trois femmes aux visages cachés. Il marcha quelques secondes avant d'arriver à une ouverture dans la roche. Mais au moment où il allait l'emprunter, il entendit l'une des trois femmes de la Triade lui dire de s'arrêter.

- Tu n'oublieras pas
- De nous ramener
- Un petit cadeau.
- Je n'y manquerai pas.

L'homme quitta la pièce par le couloir de roche, laissant la Triade seule.
*******

Le petit garçon aux cheveux entre le blond et le châtain lâcha brusquement les deux mains qu'il tenait dans les siennes. Il se précipita vers sa mère qui le petit étalage tenu par un homme âgé d'une quarantaine d'années. Celui-ci vendait différents pains qu'il préparait pour gagner sa vie.

- Tu en veux Dorel ?
- Ils ont l'air très bon.
- Oh oui ! S'il-te-plaît Luc ! S'il-te-plaît Elena !

Le sorcier et la sorcière se rapprochèrent de Dorel qui avait un énorme sourire à la vue de la nourriture alléchante. N'y résistant pas, la jolie jeune femme blonde enleva quelques pièces d'or de la poche de sa longue veste rouge et les donna au vendeur tandis que le petit garçon saisissait un petit pain peu cuit aux drôles de petites graines bleutées. Il en coupa un petit morceau avec ses mains et se retourna pour le tendre à Luc mais lâcha une grimace en l'observant. Il venait de se mettre à embrasser Elena et les deux jeunes gens ne semblaient plus faire attention au petit garçon. Mais celui-ci n'hésita pas à lâcher un gros « Beeeeeeeeeuh » pour leur faire rompre leur baiser et attirer leur attention, ce qui ne manqua pas de réussite. Les deux amoureux se regardèrent une dernière fois avant de rigoler et Luc prit le petit morceau que lui tendit Dorel pour à son tour le couper en deux et en donner une partie à Elena. Ils prirent ensuite le chemin menant au donjon du château de l'île, là où résidait Luc et désormais sa compagne. Mais Luc obligea Dorel à s'arrêter avant pour qu'il se rende à son cours de magie car il n'était pas sérieux de les rater. Le petit garçon, qui désirait absolument rester aux eux, fut malheureusement contraint de les écouter et fila vers son groupe d'apprentissage de la magie.

Dans la grande salle à manger, le roi lisait une petite fiche de papier jaunâtre entre quelques grains de raison lorsqu'on tapa à la porte. Écartant légèrement la coupelle de fruits et la feuille il invita de sa puissante voix à la personne d'entrer. Il s'agissait tout simplement de l'un de ses fils, Lucas. Ils n'avaient pas grand chose en commun d'un point de vue physique ; tandis que les cheveux et les yeux de Lucas étaient bleus, le Roi portait des cheveux noirs légèrement bouclés arrivant aux épaules, et ses yeux étaient noisettes. En revanche, il y avait beaucoup de similitude entre les visages. Saluant son fils d'un chaleureux sourire, il l'observa s'approcher de lui. Le sorcier était vêtu d'une longue toge noire centrée par une petite cordelette grisâtre et tenait dans la main un rouleau de papier vieilli. Lorsqu'il fut à la hauteur de son père, il déroula le papier et le posa devant le roi. Celui-ci le parcourut rapidement, fronçant les sourcils.

- Et ?
- Vous dépassez les bornes Père.
- Pardon ?
- Il va falloir me laisser le trône !
- Je sais très bien ce que je fais mon fils, ne soit pas aussi avide de ce pouvoir.
- Vous ne comprenez pas. Je veux simplement rétablir certaines choses. De plus en plus de personnes ne reviennent pas de leur voyage dans les Terres Inconnues. Ils sont certainement morts.

Le roi soupira, posant la petite feuille sur la table. Il s'agissait d'une petite liste contenant une trentaine de noms, tous disparus depuis trop longtemps... Le Roi le savait, cela faisait maintenant quelques années que de plus en plus d'aventuriers se jetaient à l'assaut des Terres Inconnues sans en revenir. Mais il laissait d'autres continuer à y aller, pour tenter de retrouver les anciens disparus, pour découvrir eux aussi ces endroits presque inexplorés. Malheureusement, les disparitions étaient de plus en plus fréquentes.

- Voyons Lucas...
- Non Père ! Voir les respectueux membres de notre Peuple disparaître les uns après les autres m'exaspère ! A ce rythme, nous n'aurons pratiquement plus personne sur l'île ! Il n'y a jamais eu autant de personnes voulant aller dans les Terres Inconnues ! D'ailleurs, Elena est-elle même une aventurière ! Imaginez qu'elle fasse un voyage et disparaisse à tout jamais ? Comment réagirait Luc ? Je me préoccupe aussi du cas de mon frère ! Autant qu'elle se sépare de lui avant qu'il ne lui arrive un malheur !
- Je comprends tout à fait ce que tu veux dire, mais je me vois mal interdire à la population de se rendre hors de l'île pour découvrir ces lieux. Quant à Luc et sa petite amie... C'est leur vie, pas la notre.

La porte en bois s'ouvrit doucement, dévoilant Luc et Elena qui venaient de rentrer de leur petite balade. Le Roi et son fils, qui ne les avaient pas remarqué, continuèrent leur discussion.

- Peut-être pas interdire, mais au moins limiter les accès !
- Il n'a jamais été question de bloquer les libertés de nos membres ! Certains veulent suivre la voix de leurs ancêtres, eux aussi aventuriers. D'autres ont envie de faire des découvertes pour compléter nos archives. Et il faut bien découvrir les raisons de ces disparitions !
- Mon Dieu... Vivement que je sois Roi !

Lucas pesta avant de se détourner de son père pour se diriger vers la sortie. Il remarqua Luc et Elena à qui il jeta un regard froid. Tout en quittant la pièce, il les bouscula, faisant tomber la jeune femme. Le frère en colère se retourna une dernière fois vers la blonde qui venait de tomber, bougeant ses doigts comme si il se retenait de lui faire du mal, avant de quitter définitivement la pièce. Luc s'empressa d'aider Elena à se relever. Le Roi soupira en les voyant.

- Excusez Lucas, les affaires du peuple le préoccupent beaucoup.
- Je comprends père.
- Qu'est-ce-que vous voulez faire aux aventuriers ? demanda soudainement Elena

Le Roi ouvrit grand les yeux. Ainsi, elle avait écouté une bride de conversation. Réfléchissant, il se souvint des paroles de son fils. Fallait-il rester sur ses positions, ou plutôt l'écouter... Mais il prit sa décision en voyant Luc qui mettait une fois de plus sa main dans celle de son amour.

- Nous allons limiter voire interdire les voyages du côté des Terres Inconnues.

La compagne du jeune homme aux cheveux turquoises sursauta légèrement à l'entente de cette annone. Comment pourrait-elle partir à l'aventure ? Comment pourrait-elle partir à la recherche de son père ? Luc ne le savait pas, mais elle lui avait menti quand elle lui avait dit qu'elle avait compris qu'elle ne reverrait jamais son père ; elle le cherchait toujours et comptait bien le retrouver un jour ou l'autre.

- Vous allez vraiment faire ça ?
- Je suis malheureusement obligé de le faire.
- Comment ça obligé ? Vous vous foutez de moi ? Vous n'avez pas le droit de nous interdire ça !
- Je suis le Roi ma chère, et c'est moi qui décide de ça.
- Mais c'est SCANDALEUX ! C'est une honte ! Tout le monde va se retourner contre vous !
- Je te prie de me parler sur un autre ton Elena. Ne profite pas de ton rang de...
- Et vous ne prenez pas votre ton royal avec moi ! De toute façon je savais bien que les gens royaux étaient tous pareils !

Prise d'un excès de fureur, elle donna un énorme coup dans la coupelle de raison située sur le bureau du roi avant de quitter la pièce rouge de colère. Luc ne bougea pas. Il n'avait jamais vu sa compagne comme ça. Elle était, depuis qu'il la connaissait, de nature douce, gentille, qui apaisait toutes les colères. Et là, pour la première fois, il la voyait énervée. Il allait lui aussi quitter la pièce mais le Roi lui demanda gentiellement de l'écouter quelques instants.

- Luc, il ne faut pas m'en vouloir...
- Je sais... Mais c'est difficile pour elle...
- Je l'avais bien compris. Cette décision n'est pas facile pour moi, et tu le sais.
- Pas la peine de vous justifier Père. Je vais aller la voir et la calmer.

Le père de Luc lâcha un petit sourire tandis que le jeune homme quittait la pièce pour rapidement monter à sa chambre. Il y retrouva sans aucune surprise Elena, assise sur le grand lit, le regard rivé sur la petite fenêtre à carreaux. S'asseyant auprès d'elle, il tenta vainement de prendre dans sa main l'une de celles de la jeune femme. Soupirant, il se tourna vers elle.

- Tu ne vas pas me faire la tête ?
- Tu as fait changer d'avis ton père ?
- Mais... Heu non.
- Tu es Prince et tu ne te sers même pas de ton influence pour lui faire changer sa décision ?
- Tu sais très bien que ça ne m'a jamais intéressé...
- Mais là il s'agit de moi ! Maintenant je sais que je risque de ne plus jamais revoir mon père !
- Tu m'avais dit que...
- Oui, bah j'ai menti. Je le cherche encore pendant mes voyages ! C'était pas évident ?
- Je ne sav...
- Oh Luc, s'il-te-plaît ! Ca commence sérieusement à m'énerver. Entre ton Père qui arrive à être un Roi adulé je ne sais comment et ton frère qui cherche à tout contrôler, je m'y retrouve comment moi ?
- Mais...

Luc se retourna brusquement en arrière car on venait de toquer à la porte. Sans même attendre que l'un des occupants ne donne l'autorisation de rentrer, une jeune femme pénétra dans la pièce. De longs cheveux châtains lisses, des yeux bleus, il s'agissait de Dame Maëva. Elle était vêtue d'une petite robe bleue claire sans manche.

- Ah, Luc, tu es là !
- Oh...
- Tu dois encore m'apprendre à maîtriser ma magie, tu as oublié ? On a cours là !

Elena se retourna à son tour, le visage en furie. Elle connaissait elle aussi extrêmement bien Maëva. Une jolie jeune femme... Qui n'avait jamais cessé de draguer Luc. Ce fut la première à s'opposer à l'union entre elle et Luc, et elle savait très bien que Maëva n'avait jamais cessé d'aimer Luc malgré que celui-ci soit inaccessible. Maëva était, qui plus est, une élève de Luc malgré la seule année les séparant.

- Dégage d'ici Maëva, on est occupé !

Luc lança un petit regard suppliant à la jeune sorcière qui soupira avant de s'en aller, laissant la porte ouverte. Elena allait ouvrir la bouche, mais aucun son ne sorti et ses yeux se fermèrent doucement. Son corps bascula sur le matelas, et... Elle s'endormit. Luc écarquilla les yeux. Mais qu'est-ce-qui lui prenait ? Elle était vraiment bizarre...

Le jeune sorcier décida de la laisser se reposer et quitta la chambre puis le donjon. Il arriva devant le grande cour de terre agrémentée de quelques arbres lorsqu'il aperçut Maëva qui lui faisait de grands signes. Il soupira avant de s'approcher d'elle. Après tout, il n'avait que ça à faire...

- Ah, tu es enfin là Lucky !
- Ne m'appelle pas comme ça... Bon, hm.
- Tu étais censé m'apprendre à transformer ma boule de feu en un petit serpent !
- Eh bien commençons alors. Ce n'est pas bien compliqué. Il faut simplement rester concentré et imaginer très fortement le petit serpent dans ta tête.

Pour lui montrer, Luc tendit sa main droite devant lui.

- Bolas flamas.

Un boule de feu rougeoyant prit naissance dans sa main. Lâchant un tout petit sourire, Luc ferma doucement les yeux, se concentrant sur sa magie. Progressivement, la boule de feu s'allongea, laissant les flammes prendre l'apparence d'un petit serpent qui bougeait autour de la main et des doigts de Luc, crachant une toute petite langue fine de feu. Maëva lâcha un grand sourire en observant ça. Elle tendit à son tour sa main droite, faisant apparaître sa petite boule de feu à l'aide de la formule, et ferma les yeux. Imitant Luc, elle tenta d'imaginer un petit serpent dans sa tête. Sa boule de feu commença à s'allonger... Avant de se rétracter complètement pour disparaître. Dépitée, elle se tourna vers Luc. Celui-ci lui adressa un sourire. Ce petit apprentissage lui faisait oublier complètement la petite dispute précédente. S'approchant de Maëva, il déposa chacune de ses mains sur les épaules de la jeune femme.

- Je vais t'aider. Respire un grand coup, et retente.

Luc ferma les yeux, concentrant son énergie magique pour faire une liaison avec Maëva pour l'aider. Celle-ci tendit à nouveau son bras, mais tourna légèrement la tête vers le sorcier. Et si... Doucement, elle tendit son coup vers Luc, décala un peu son visage... Et posa ses lèvres sur celles du sorcier. Ils restèrent comme ça quelques secondes avant que le jeune homme ne recule brusquement, poussant son élève en avant.

- Mais... Ça va pas ?!
- Depuis le temps que je voulais faire ça !
- Je rêve...
- LUUUC !

Reconnaissant immédiatement cette voix plus que familière, le sorcier se retourna en faisant un geste des mains à Maëva pour lui intimer de s'en aller. La jeune apprentie, voyant Elena s'approcher le visage en feu, préféra prendre ses jambes à son coup. Luc regarda droit dans les yeux sa compagne qui était maintenant presque collée à lui. En temps normal, elle pardonnait assez facilement. Et après tout, Luc n'y était pour pas grand chose... Mais le jeune prince se trompait. Elena leva sa main droite et asséna une magnifique claque sur la joue du pauvre Luc. Celui-ci ne broncha pas, gardant les dents serrés, sachant pertinemment qu'il était fautif pour elle. Malgré tout, il s'étonnait de cette réaction. Elle, de nature si douce, n'avait jamais été en colère... Pourquoi maintenant ? Elle prit une profonde inspiration avant de disputer sévèrement le jeune Prince.

- J'y crois pas...
- Non, mais Elena, ce n'est pas ce que tu crois !
- Ah oui ? C'est ce que je vois, alors je ne vois pas pourquoi je n'y croirai pas !
- Mais non...
- Tu préfères aller lui faire son cours et l'embrasser dans mon dos pendant que je me sens mal ? Tu te fiches de moi en fait ?
- Je te dis que...
- Non, tu ne dis rien ! En fait, je savais bien qu'on ne pouvait faire confiance en aucun de vous dans les hauts dignitaires. Tous aussi répugnants.
- Tu es... Sérieuse ?
- Oui, et je pense tout ce que je dis ! Je retire finalement, tu n'es pas différent ! Tu es simplement plus niais que les autres, voilà ! J'en ai plus que marre ! La tension avec ta famille, toi qui me trompe, la décision de ton père que tu ne cherches même pas à contredire... Tu sais quoi Luc ?
- Arrête Elena ! Je suis désolé ! D...
- C'est FINI !
- Quoi ? Mais...
- C'est terminé Luc. Je pense que c'est clair.
- El...
- Ta gueule.

Elena passa ses mains sur ses yeux, essuyant les larmes qui coulaient à flot. Il était évident qu'entre elle et son prince, il n'était plus question de rien ; après tout, celui-ci venait de trahir la confiance qu'elle avait mis en lui... Et même si les sentiments étaient là, elle ne savait pas vraiment pourquoi, elle lui en voulait et n'avait qu'une idée en tête, c'était d'être méchante avec lui. Quelque chose dans sa tête la poussait à être comme ça. N'attendant pas plus longtemps, elle jeta un nouveau regard au Prince qui ne bougeait plus, déconcerté par ça, avant de partir en courant de la grande cour du donjon. Quelques personnes qui avaient entendu les cris s'étaient rapprochées de l'endroit, mais lorsqu'elles virent quelques larmes qui perlaient le long des joues de Luc, elles préfèrent retourner vaquer à leurs occupations, ne voulant pas s’immiscer dans la vie privée du sorcier. Celui-ci ne savait plus quoi faire. Il s'était fait jeter, d'un seul coup, sans pouvoir maîtriser ce qu'il se passait... Il s'était laissé faire, n'avait pas voulu broncher, n'avait rien vu venir... Mais malheureusement, c'était fini. Il ne bougea pas, laissant ses larmes couler tandis que son corps tremblait.

Par la fenêtre de sa chambre entre-ouverte, Lucas venait d'assister à la scène. Voyant la blonde quitter les lieux et son frère jumeau ne plus rien faire, il laissa un énorme sourire triomphant se dessiner sur son visage. Soudainement, un raclement de gorge se fit entendre. Perdant d'un seul coup son sourire, il se retourna, observant son père qui s'était discrètement glissé dans la pièce. Celui-ci le regardait sévèrement.

- J'espère que tu es fier de toi.
- Pardon ? Vous voulez certainement parler de Luc et d'Elena ? Je vous assure que je n'y suis pour rien Père !
- N'essaie pas de me berner de la sorte Lucas. Je te rappelle que tu es mon fils. Je sais très bien que tu es l'une des causes de cette soudaine séparation. N'était-ce pas toi d'ailleurs qui m'avait soufflé cette possibilité plus tôt ?
- Mais de quoi parlez-vous voyons ?
- J'ai vu le sortilège que tu as utilisé lorsque tu as fait tomber Elena sur le sol lorsqu'elle était venue dans mon bureau avec Luc. Ingénieux, et extrêmement discret.
- Pas si discret que ça on dirait...
- C'était un maléfice de quel type déjà ?
- Augmentant la colère de celui touché à un certain degré pendant peu de temps. Mais... Père ! Je l'ai fait...
- Pour le bien de Luc, oui, je l'avais deviné. Je ne peux pas croire que mon fils chercherait à nuire à son frère. Tu pensais que j'allais rester sur mes positions et laisser les aventuriers libres, alors tu as préféré faire cela pour le protéger d'une quelconque tristesse insurmontable... En revanche, j'espère que tu n'as pas soufflé d'idées saugrenues à Maëva !
- C'est... Exactement ça, père. Eh bien sûr que non, tout le monde sait que Dame Maëva est amoureuse de Luc depuis longtemps.
- Eh bien, j'avais changé d'avis... C'était assez altruiste de ta part Lucas.
- Mais maintenant ?
- Nous n'avons aucun rôle à jouer à présent mon fils. Luc doit apprendre à se gérer.

Le Roi se détourna et quitta la pièce tandis que l'énorme sourire de Lucas reprit place. Après tout, il avait fait une bonne action finalement.
*******


Deux jours s'étaient écoulés. Luc n'avait pas quitté sa chambre durant ce laps de temps, trop occupé à regretter la chose qu'il aimait le plus. Il s'en voulait... Et il lui en voulait aussi à elle, sa chère et tendre, qui n'avait pas su comprendre... C'était du passé maintenant. Il ne pouvait plus faire marche arrière. Il essayait de transformer ça en rancœur, mais il savait au fond de lui qu'il sera très difficile d'oublier ses sentiments. Mais quelques jours de réflexions sans bouger n'étaient que bénéfiques.
Sous les conseils de son père qui venait régulièrement le voir pour le rassurer, il décida finalement au bout du troisième jour d'aller se balader quelques heures. Malgré tout, il rechignait à le faire pour la simple et bonne raison que presque tout le peuple de l'Ancienne Religion était maintenant au courant de cette séparation. Il savait la population indulgente, mais peut-être n'allait-elle pas l'être cette fois-ci vis-à-vis de son comportement. Mais il n'y était pour rien, malheureusement... Un malheureux coup du destin. Voilà ce que c'était.
Le jeune prince s'était vêtu convenablement, enfilant un pantalon de cuir noir avec un t-shirt de la même teinte sombre nouée par une cordelette blanche à la taille. Une grande cape noire avec un étrange symbole indescriptible brodé au fil turquoise venait compléter l'attirail de Luc. Il quitta le donjon, longeant rapidement la grande cour avant d'observer une grande place qui se trouvait juste à côté. Lorsqu'il s'arrêta, il repéra quelques visages qui se tournèrent vers lui. S'attendait-il à voir des gens assez émus et tristes et non en colère ? A croire que la séparation du couple princier avait causé un grand chagrin à l'ensemble de l'île...
Soupirant, Luc quitta les lieux trop peuplés pour se diriger hors de l'enceinte du château trônant au centre de l'île. Il n'hésita pas une seule seconde sur le chemin à emprunter: celui menant à sa plage de méditation préférée. Un endroit calme où peu de gens aimaient aller.
Il marcha une dizaine de minutes sur un petit chemin de terres entre deux petites étendues d'herbe verte lorsqu'un bruit attira son attention. Le tirant de quelques pensées, le bruit devint plus distinct au fur et à mesure que le sorcier avançait. A y écouter de plus près, il en devina la nature: des sanglots. Mais qui pleurait donc ? Quittant le petit chemin sur l'herbe à gauche, Luc aperçut une petite silhouette assise contre un grand arbre, la tête entre les deux et les mains sur les yeux. S'approchant de plus près, le Prince put distinguer les cheveux entre le blond et le châtain, les vêtements... C'était Dorel ! Luc accéléra légèrement le pas pour venir s’asseoir à côté de Dorel, passant son bras autour du coup du jeune garçon. Celui-ci sursauta légèrement et leva la tête. Il avait les yeux rouges, et de grosses larmes coulaient le long de ses joues. Certaines étaient déjà sèches. Reconnaissant Luc, le gamin colla sa tête contre le torse du sorcier.

- Dorel... Pourquoi pleures-tu ?

Attendant que le jeune garçon puisse calmer ses larmes et ses sanglots pour pouvoir parler, Luc lui frotta le dos avec la paume de sa main doucement pour le rassurer. Il en oubliait ses propres soucis tant il était intéressé par ce qu'avait Dorel. D'ailleurs, celui-ci, enfin calmé, releva légèrement la tête, et le corps tremblant, parla.

- C'est... Toi.
- Pardon ?
- Pourquoi... Pourquoi vous vous êtes quittés ?
- Dorel...
- Tu tenais vraiment à elle, pourquoi tu l'as... Tu l'as laissée partir, hun ?! Je sais très bien que tu n'y es pour rien avec l'autre nulle.
- C'est du passé Dorel.
- Pas pour moi ! Tu as perdu ton sourire maintenant !
- Ah, Dorel...
- Luc ! Tu n'as jamais été aussi heureux ! Je le voyais ! Même avec moi tu n'étais pas comme ça ! Je ne peux pas croire que tu l'aies laissée tomber comme ça ! Sans vouloir la récupérer !

Luc lâcha doucement l'enfant et lâcha un faux sourire sur ses lèvres. Il se releva, mais Dorel, tout en se redressant, attrapa l'un des bras du sorcier, le serrer fermement.

- Tu t'en vas pas comme ça ! Moi je t'aime trop pour te voir comme ça !
- Il faut que tu comprennes que ça arrive ces choses-là Dorel...
- NON ! Pas là ! Alors tu vas la voir, tu vas la retrouver. Et tu vas lui dire que tu veux avoir le sourire.
- Si c'était facile...
- Je suis sûr que oui ! T'as pas le choix ! Je suis prêt à donner ma vie pour que ton sourire revienne. J'ai perdu un papa, je veux pas que mon deuxième papa perde son sourire.

Le bouche de Luc s'ouvrit brusquement, ses yeux s'écarquillant. Jamais Dorel ne lui avait dit clairement qu'il était le père qu'il n'avait finalement presque jamais eu. Et si le petit garçon avouait ça, c'est que la situation était vraiment critique... Luc recula légèrement, parvenant à s'enlever de l'étreinte de l'enfant. Il ne pouvait pas rester insensible face aux paroles pleines de sentiments de l'enfant. Et puis... Il savait qu'au fond de lui, il resterait longtemps amoureux d'Elena. Mais la jeune femme ne voulait plus de lui...

- Arrête de réfléchir. Tu réfléchis trop. Vas-y tout de suite Luc ! Va chercher le sourire !

Lâchant un grand soupir, Luc se baissa pour se mettre à la hauteur de Dorel, l'étreignant avec beaucoup de passion dans ses bras. Un si petit garçon pouvait dire tant de choses emplies d'un sens profond... Il ne savait peut-être pas ce qu'il disait, mais il avait touché le cœur de Luc. Au moins essayé... Il fallait juste qu'il la retrouve et qu'il voit si il pouvait la reconquérir. Un dernier essaie...

- Tu serres trop fort là. Ah, et Elena, bah je sais pas où elle est. Pas vu depuis le jour où vous vous êtes séparés. Peut-être que elle aussi a perdu son sourire et qu'elle est chez elle ? Retrouvez vos sourires !

Luc relâcha la pression qu'il exerçait sur l'enfant avant de se mettre complètement debout. Adressant un grand sourire rempli d'espoir et d'affection, il s'élança sur le chemin de terre à vive allure, entamant un pas de course effréné. Il n'avait qu'à aller chez elle, comme le suggérait Dorel. Peut-être la trouvera-t-il là-bas...
Il ne lui fallut qu'une petite dizaine de minutes pour rejoindre un autre sentier, cette fois-ci fait de pavés de pierres, qui le mena tout droit à la petite maison d'Elena. Avant d'habiter avec lui au donjon, cette maison ronde en pierre très charmante avait été sa résidence principale. Le toit, en pierre formant un cône de chapiteau, était recouvert de plantes et de lierre qui tombaient en cascade sur les façades de la maison, laissant quelques morceaux de pierres visibles ainsi qu'une petite porte de bois et quelques fenêtres. Tout autour de la bâtisse se trouvait un mignon petit jardin avec de nombreux arbres de différentes sortes, des buissons fleuris, de petits champs de fleurs et un potager. Elle adorait les plantes et se servait de sa magie pour nourrir la nature. Et c'est à côté de ce qui semblait être un grand pommier que Luc l'aperçut... Elle était là, cueillant l'un des fruits rond et rouge dans sa main droite, ses longs cheveux blonds se baladant dans le vent. Le sorcier s'arrêta et contempla légèrement la jeune femme. Elle était toujours aussi magnifique avec son petit haut noir presque transparent sans manche avec un col en v. Un pantalon de la même couleur attaché grâce à une ceinture blanche moulait bien ses formes. Luc respira un grand coup avant de s'approcher. La jeune femme venait de mettre le fruit dans un petit panier d'osier à ses pieds lorsqu'elle entendit du bruit derrière elle. Elle se retourna, le panier dans les mains... Et le lâcha subitement. Quelques fruits tombèrent sur le sol et roulèrent entre les jambes de la jeune femme. Luc s'arrêta de marcher, regardant droit dans les yeux Elena. Il fit un nouveau pas en avant, ouvrant la bouche pour dire ce qu'il avait sur le cœur quand brusquement... La jeune femme détala ! Prenant ses jambes à son coup, elle commença à s'enfoncer dans son jardin. Mais Luc n'en démorda pas. Dorel l'avait convaincu ; il ne partirait pas d'ici sans avoir au moins dit ce qu'il avait à dire ! Tendant la main droite, il cligna légèrement des yeux.

- Lianas jerdivas.

Aussitôt, l'une des racines de l'un des arbres du jardin quitta la terre au moment même où la jeune femme courait, lui faisant un croche patte. Ayant pour conséquence de la faire tomber sur le sol, Luc courut rapidement pour se mettre à la hauteur de la blonde qui se relevait péniblement, crachant légèrement le goût de terre qu'elle avait dans la bouche. Lorsqu'elle sentit l'ombre de Luc au-dessus d'elle, elle recula légèrement.

- Je suis désolé, ne me fais rien... Je ne voulais pas...
- De quoi tu parles ?
- Je ne savais pas ce que je faisais... Je sais que tu me détestes maintenant, mais ne me fais pas de mal Luc...
- Mais, Elena, je ne compte pas du tout faire ça !

La jeune femme écarquilla les yeux. Le prince n'était pas là pour lui faire la peau après tout ce qu'elle avait dit ? Elle s'en voulait énormément d'avoir réagi de cette façon face à Luc. Elle ne s'était pas contrôlée, comme si quelque chose l'avait poussée à être aussi méchante envers lui... Mais visiblement, il ne lui en tenait pas rigueur ? Elle était soulagée. Mais cela n'empêchait pas qu'elle s'était séparée de lui... A cause de cet étrange sentiment de manipulation intérieure. Et elle ne pouvait pas revenir en arrière maintenant... Comme elle s'en voulait. Luc ne la détestait pas, mais elle était presque sûre qu'il garderait en tête ses propos et que son amour pour elle avait disparu. Mais elle se trompait.

- Elena, même si tu as été claire, même si tu as été franche et même si je sais que tu ne m'aimes plus, je voulais juste te dire que moi, malgré ça, je ne cesse pas de t'aimer.
- Luc...
- Attend s'il-te-plaît. Si notre amour était vraiment sincère, alors cette dispute n'aurait pas dû nous séparer. Malheureusement c'est le cas aujourd'hui, mais je voulais juste que tu saches que je t'aime, je t'aime et je t'aime. Je t'aime même à la folie. Et même si c'est trop tard, je te le dis, de tout mon cœur...
- Mais moi aussi !

La jolie jeune blonde s'approcha furtivement de Luc, lui déposant un baiser sur les lèvres. Elle se colla contre son corps, le serrant avec ses bras.

- Moi aussi je t'aime, et je regrette ce que j'ai dit... Je ne le pensais pas vraiment... Je pensais que tu m'en voulais et que tu ne m'aimais plus...
- Je t'aime aussi...
- Pardonne-moi...
- C'est déjà tout fait...

Luc embrassa une nouvelle fois Elena, conscient que leur amour, à partir de cet instant, est plus fort que jamais.

Lucas plia en deux la feuille qu'il tenait dans les mains, la mettant dans l'un des petits tiroirs de son bureau qu'il referma immédiatement après. Il referma l'ouvrage se trouvant devant lui tout en prenant une goutte du contenu de son verre à pied doré. Tout à coup, la porte s'ouvrit devant lui, et son père, un sourire sur les lèvres, s'avança dans la pièce. Reposant son verre sur son bureau, Lucas se mit un peu plus à l'aise sur son petit trône de bois lui servant de chaise, observant son père.

- Eh bien, vous m'avez l'air fortement de bonne humeur. Qu'est-ce-qui vous met dans cet état-là ?
- Tu es toujours aussi perspicace. C'est ton frère qui m'a rendu ce sourire.
- Ah ? Peut-être a-t-il enfin décidé de prendre l'air ?
- Il a fait bien plus que cela, il s'est remis avec Elena.
- … Pardon ?
- Tu as bien entendu. Et j'ai pris la décision de retirer l'interdiction aux aventuriers de quitter l'île.
- Oh...
- Tu ne m'as pas l'air très content Lucas. Aurais-tu des différents avec Elena ?
- Pas du tout père ! Je suis juste surpris. Je suis très heureux pour Luc et sa chère et tendre, c'est certain. En revanche, je suis mécontent quant à votre décision... Mais c'est compréhensible.
- Bien. Je te laisse Lucas.
- Aurevoir père.

Le Roi quitta la pièce. Lucas ouvrit un peu trop brusquement son ouvrage qu'il avait précédemment fermé, et renversa sans faire exprès son verre qui contenait encore un peu de liquide. Il serra légèrement les dents, frustré après avoir entendu ça.
*******


- Eh oui, ça a échoué. Vous êtes la Triade, mais au fond, m'êtes-vous utile ?
- Nous t'avions pourtant
- Prévenu que cela
- N'était pas interprétable.

L'homme encapuchonné donna un gros coup de pied sur le sol de pierre de la grotte. Un silence se créa entre lui et les trois femmes en haut du promontoire, silence cassé par les crépitements des flammes des torches. L'homme respira un grand coup avant de poursuivre.

- Le Prince Luc s'est finalement remis avec Elena.
- En effet
- Mais ne t'en fais pas
- Car une nouvelle opportunité
- S'offrira à toi
- Dans quelques années.
- Je n'aime pas attendre, et vous le savez très bien mesdemoiselles.
- C'est pourtant
- La meilleure façon
- Pour obtenir ce que tu veux.
- Que voulez-vous dire par là ? Vous avez vu l'avenir ?
- Entrevu quelque chose
- Toujous aussi peu claire
- Mais il te faudra attendre
- Que la maladie du Roi
- Soit au plus haut
- Et tu pourras enfin frapper.
- J'espère que vous avez raison. Et j'espère avoir raison de faire confiance en la Triade... Au plaisir.

L'homme encapuchonné quitta la grotte de la Triade tandis que les trois femmes se baissèrent lentement. Au centre du petit triangle qu'elles formaient se trouvait une petite silhouette : Dame Maëva. La jeune femme ne semblait plus respirer. Leur invité avait apporté son petit cadeau, comme promis...
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Luc
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Localisation : Sous-sol de la vieille Chapelle de B~A

On ne naît pas mauvais ; on le devient.  Empty
MessageSujet: Re: On ne naît pas mauvais ; on le devient.    On ne naît pas mauvais ; on le devient.  Icon_minitimeLun 15 Déc - 21:15

3 - Desperate...


La liquide blanchâtre de la marmite se mit à devenir progressivement transparent tandis que, de chaque côté du chaudron, deux des trois femmes composant la Triade chantonnaient des paroles étranges. Elle étaient sur leur promontoire, comme à l'accoutumé, mais seul cet étrange récipient s'était rajouté. La troisième membre du trio magique, celle à la longue toge bleue foncée, arriva enfin dans la grotte, le capuchon toujours sur la tête. Elle leva légèrement le visage vers ses deux congénères.

- Que faites-vous donc ?
- Nous allons
- Nous mêler
- De la quête de notre invité
- Pour lui assurer une chemin
- Sans difficulté
- Et ainsi provoquer sa réussite. Hihihi.

La femme en toge bleu foncée s'approcha légèrement du rocher où étaient perchées les deux autres, secouant la tête.

- Vous oubliez la règle, commença la femme en toge bleue foncée
- Qui nous régit
- De ne pas intervenir
- Magiquement dans la vie
- Des êtres vivants de cette terre, oui.
- Donc votre projet ne peut pas aboutir, reprit-t-elle
- C'est ce qu'on
- Verra. Il est temps
- De briser
- Les règles
- Pour arriver à nos fins.
- A vos risques et périls mes sœurs...

La femme en toge bleue lâcha un soupir tandis qu'elle se détournait de ses deux sœurs. Elles étaient deux contre une, elle ne pourra pas les faire changer d'avis. De toute façon, son rôle au sein de la Triade commençait à l'irriter. Les Dieux avaient décidé de l'y placer, mais elle savait depuis toujours que ce ne serait pas éternel. Voilà une manière de pouvoir détruire une fois pour toute la Triade en pouvant commencer de réels projets en solitaire. Tandis qu'elle quittait la pièce en réfléchissant à ces pensées, elle retira son capuchon, laissant voir des cheveux noir de jais légèrement ondulés. Elle disparut dans le couloir noir de la grotte.
Les deux autres sorcières ne s'arrêtèrent pas en si bon chemin. Tant pis si la troisième n'était pas d'accord. L'une d'entre-elles plongea une main blanche et lisse dans la liquide pour en ressortir quelques secondes plus tard un petit fil doré. Elle le prit par un bout, laissant l'autre femme prendre l'autre extrémité.

- Et c'est ainsi
- Qu'une drôle de maladie
- Inconnue
- Pour beaucoup
- Frappa le jeune Prince
- Le faisant mourir.

Elles tirèrent d'un seul coup sur le petit fil dorée, le brisant. Les deux morceaux prirent d'un seul coup une couleur rouge avant qu'elles ne jettent les deux morceaux dans le petit chaudron, faisant s'enflammer tout le liquide à l'intérieur. Elles rigolèrent tandis qu'un grand feu crépitait entre-elle. Elles avaient réussi... Mais tout à coup, deux énormes boules de feu quittèrent le brasier source, et chacune d'entre-elles toucha le corps de l'une des membres de la Triade. Les deux femmes lâchèrent d'énormes cris de terreurs, de longs gémissements d'agonie tandis que le feu se propageait sur leurs cheveux, sur leurs vêtements... Avant qu'elles n'explosent subitement en deux magnifiques gerbes d'étincelles. Elles n'avaient pas respecté l'une des règles fondamentales de la Triade ; les Dieux les ont donc punies.
*****


Elle remercia chaleureusement le bijoutier avant de quitter sa petite boutique. Enfilant sa grande veste noire aux bords de fourrure grise, Elena se dirigea vers le donjon, un grand sourire aux lèvres. Demain sera l'anniversaire de son aimé et elle venait enfin d'acheter son cadeau. Et dire qu'elle avait failli perdre son amour trois jours plus tôt à cause de cette dispute futile... Heureusement, l'amour est plus fort que tout. Elle se dirigeait vers le donjon pour aller cacher dans sa chambre la petite boîte contenant son cadeau. Luc sera certainement ravi de découvrir de quoi il s'agissait. Un petit quelque chose, certes, mais il signifiait beaucoup... En tout cas, elle espérait vraiment que ce serait une surprise. Marchant d'un pas rapide, elle y arriva en une dizaine de minutes à peine. Montant les grands escaliers de pierres, elle passa devant les deux grandes portes de l'infirmerie ouvertes. Jetant un petit coup d’œil à l'intérieur, elle aperçut toute une foule de personnes autour d'un lit. Il était pourtant encore très tôt en cette matinée, alors pourquoi y avait-il autant de gens ici ? Curieuse, la jeune femme s'approcha d'un peu plus près pour savoir de quoi il en retournait. Elle fit quelques pas vers le lit, poussant légèrement quelques personnes, et elle put enfin voir la personne qui attirait autant de gens...

- Non... Non...
- Laissez-moi passer ! Laissez-moi passer !

Tandis que la jolie blonde mettait la main devant sa bouche qui s'était grande ouverte, le Roi se fraya un chemin jusqu'au lit, la longue cape rouge traînant sur le sol. Il ne put que constater avec dépit que ce qu'on lui avait rapporté quelques minutes plus tôt : l'homme allongé sur le lit n'était autre que... Luc ! Un grand drap blanc recouvrait son corps inconscient jusqu'à sa poitrine, laissant voir un filet de sang couler le long de sa bouche.

- Mais... Que s'est-il passé... souffla le Roi
- Nous étions en pleine conversation quand tout à coup il s'est tenu fermement la poitrine, criant de douleur, puis s'évanouissant. Nous avons rapidement effectué l'examen magique, mais...
- Eh bien ?!
- Nous ne savons pas de quoi il s'agit.
- Vous vous fichez de moi ?
- Mon Roi, nous sommes désolés, mais ce cas de maladie soudaine nous est inconnue... Peut-être est-ce quelque chose venant des Terres Inconnues.

Le sorcier qui s'exprimait, vêtu d'une grande toge verte à longues manches et avec un capuchon rabattu sur la tête, tourna doucement la tête vers Elena. Elle comprit l'implicite de la phrase de celui-ci et s'approcha du corps inconscient de son amant. Levant doucement les deux bras au-dessus, elle ferma les yeux, avançant et reculant progressivement pour faire passer ses bras au-dessus de chaque partie du corps de Luc. Une petite lumière orangée apparut lentement autour de ses deux mains mais cela ne l'empêcha pas de continuer, bien au contraire. Elle continua sa petite opération magique pendant quelques minutes avant de reculer lentement. Le Roi posa sa main droite sur son épaule, et elle ouvrit les yeux.

- Il y a quelque chose sur son cœur... Comme... commença-t-elle
- De la magie. compléta le sorcier à la toge verte qui était très certainement un médecin.
- C'est étrange... C'est comme si elle mangeait la magie du cœur de Luc...
- Un phénomène que je n'avais jamais vu jusqu'à lors mon Roi. Mais je pensais que vous, Madame, trouveriez de quoi il en retourne puisqu'en plus d'être pleinement qualifiée dans la guérison, vous avez vu un tas de choses dans les Terres Inconnues...
- Il me semble que... Je ne suis pas sûre, mais j'ai cru voir ça dans l'un des ouvrages que j'ai trouvé des les Terres Inconnues.

La jeune femme donna un petit coup d'épaule pour enlever la main du Roi et quitta d'un pas très rapide la pièce. Elle monta quelques marches de pierre menant à sa chambre qu'elle partageait avec Luc, mais arrivée devant la porte, elle s'arrêta brusquement. Elle posa sa tête contre le bois, respirant doucement... Et lâchant quelques sanglots. Elle ne voulait pas le montrer, mais... Elle ne pouvait pas y croire, tout simplement. Luc était mourant... Et elle ne se pardonnerait jamais si il venait à ne pas survivre à cette maladie magique qui vient de survenir. Elle releva la tête lentement, essuyant d'un revers de main les larmes qui coulaient doucement. Il fallait absolument qu'elle trouve, car la vie de son amour était en jeu. Elle entra dans la chambre spacieuse éclairée par les rayons du soleil, et se dirigea vers le grand lit. Arrivé à sa hauteur, elle se mit à genoux et passa ses bras dessous. Après quelques secondes de tâtonnement, elle en tira une grande mâle en bois à carreaux métallique. A peine l'eut-elle ouverte qu'elle jeta ses bras à l'intérieur. Il s'agissait tout simplement de son coffre d'ouvrages. Avant de rencontrer Luc, elle faisait de très nombreux voyages dans les Terres Inconnues et était l'une de celles qui étaient allées le plus loin. De ce fait, elle avait consigné dans de nombreux livres ses trouvailles et ses explorations, mais elle avait également conservé des ouvrages trouvés dans des décombres. Et elle les avait tous parcouru...
Jetant quelques livres autour du coffre et battant des bras avec énervement, elle trouva enfin l'ouvrage qu'elle cherchait: un vieux et assez gros recueil à la couverture verte abîmée par le temps. Il était très sobre et la seule chose notable était l'étrange symbole crée par trois ovales métalliques encastrés les uns dans les autres formant une sorte de triangle. Elena se releva pour s’asseoir sur le lit, ouvrant la livre et feuilletant très rapidement les pages. Elle était presque sûre d'avoir déjà vu quelque chose de similaire dans ce livre... Trouvé ! Elle s'arrêta brusquement sur une double page, où étaient écrites de nombreuses phrases sur celle de gauche tandis que sur celle de droite était dessinée une drôle de créature assez monstrueuse. Celle-ci avait une longue tête de Cobra jaune et un corps ressemblant à celui d'un humain à longues griffes armé d'une lance. Cela ne valait rien qui vaille... Néanmoins, la jolie blonde lut très attentivement la page de gauche. Un grand sourire rempli d'espoir vint se dessiner sur ses lèvres et elle se leva brusquement, tenant toujours le livre, et se dirigea en courant vers l'infirmerie. Beaucoup de nobles magiciens de l'Ancienne Religion avaient quitté la pièce entre temps, très certainement sur ordre du Roi puisque celui-ci était encore là, au chevet de son fils, accompagné de quelques magiciens médecins en toge verte. A peine Elena fut-elle arrivée qu'elle se précipita vers le Roi, lui montrant le livre.

- J'ai trouvé ! C'est une maladie des Terres Inconnues provoquées par la magie !
- Hm... Oui, oui... Cela semble correspondre...
- La façon dont il l'a attrapé, ça, en revanche, je l'ignore... Mais la solution est toute trouvée, elle est dans ces pages !
- En effet...
- Il suffit de récupérer une plante nommée « Dorélia Labrimé », gardée par cet étrange monstre, et en préparer un filtre !

Le Roi observa la double page encore quelques secondes. Son visage avait pris une expression interloquée. Oui, il y avait bien là le remède miracle qui permettrait de sauver Luc de ce malheur causé par le destin ; ce qui lui posait problème, c'était le monstre. Et si il était insensible à la Magie de l'Ancienne Religion ? Il n'y avait aucune information précise dessus, si ce n'est le fait qu'il était mentionné que le monstre était une bête mythique et magique extrêmement puissante. Jamais il n'obligerait à ses aventuriers de partir en expédition là-bas. Il allait même jusqu'à penser... Que le simple fait de voir cette bête ferait tellement peur que personne ne voudrait y aller. Il tourna brusquement la tête vers la droite, lâchant un petit sursaut. Ce n'était que son autre fils, Lucas, qui s'était glissé discrètement jusqu'à lui et Elena. La jeune femme semblait être aussi surprise que le Roi.

- Mon fils ! Nous avons la solution pour soigner Luc.
- Je sais, j'ai lu tout comme vous la page.
- Et...
- Et il est hors de question d'envoyer des gens là-bas.
- Pardon ?

Elena vint couper la parole à Lucas, qui malgré l'état déplorable de son frère, refusait de laisser partir la population ? Malheureusement pour la jeune femme, les pensées du Roi étaient partagées, car lui-même avait pensé à la dangerosité d'une telle mission.

- Tu as très bien entendu Elena, c'est beaucoup trop dangereux.
- Mais... C'est ton frère !
- Et alors ? Tu crois que ça ne me fait rien de le voir comme ça ?
- Tu parles ! Tu ne t'en préoccupes même pas, tu viens juste ici pour nous dire de le laisser mourir !
- Je t'interdis de critiquer mon amour fraternel envers mon frère ! Et vous, Père, qu'allez-vous faire ? Écouter une nouvelle fois l'amour de Luc ? Ou écouter la voix de la raison ?
- Mais, mon fils...
- De toute façon, cette fois, je ne vous laisserai pas faire ! Je n'ai pas envie de perdre encore plus de membres de l'Ancienne Religion pour sauver une seule vie, malgré que ce soit mon frère !
- Comment oses-tu... commença Elena.

Elle fut interrompue par Lucas qui quitta la pièce d'un seul coup, lançant un regard noir à Elena et à son père. Ce dernier souffla. La vie de Luc était en jeu... Mais déjà qu'il avait autorisé les voyages dans les Terres Inconnues, maintenant il devait accepter qu'une expédition potentiellement dangereuse se fasse... Il ne dit pas un mot, réfléchissant. Ses pensées furent interrompu par Elena qui posa une main sur son épaule droite.

- Je sais que vous êtes partagés, et c'est pour cela que je vais vous faciliter la tâche. Je vais partir seule, et ramener cette plante.
- Mais es-tu cinglée ?
- Non, pas du tout. De toute les manières, nous n'avons pas trop le choix, n'est-ce-pas ?
- Je...
- Vous êtes un bon Roi, et un bon père. Mais il y a des choix que nous ne pouvons faire, et vous devez laisser les autres agir. Je pars sur le champs à l'aide d'une barque sur la plage de galets, en espérant rentrer assez tôt...

Le Roi voulut ouvrir la bouche, voulut lui répondre, lui interdire d'aller risquer sa vie, mais il n'en eut tout simplement pas le temps. La jeune femme avait déjà quitté la pièce. De toute façon, il n'aurait pas pu l'en empêcher. C'était ça, « l'Amour »... Risquer sa vie pour son prochain. Cela lui faisait souvent penser à la mère de ses deux enfants, qui n'était plus... Tout à coup, il se retourna vers la porte d'entrée de l'infirmerie, encore ouverte. Il était presque sûr d'avoir aperçu quelqu'un, ou tout du moins une ombre... Non, il avait dû se tromper.


Une quarantaine de minutes passées et Elena arrivait déjà en vue de la petite plage de galets d'où elle allait partir. La petite amie de Luc s'était munie de ce qu'elle pensait être nécessaire pour son expédition qu'elle allait mener le plus rapidement possible : son livre des terres inconnues, une carte qu'elle avait fait elle-même durant ses nombreux voyages, une dague et sa baguette de bois. S'approchant du bord de l'eau, elle remarqua une petite barque en bois. Cela devait être le Roi qui lui avait fait très rapidement préparer cela. Elle s'en approcha et se plaça sur une petite banquette de bois au milieu. Une grosse couverture disposée grossièrement à l'avant de la barque était à disposition au cas où elle puisse avoir froid. Quelle douce attention...
Mettant sa main droite dans l'eau, elle ferma doucement les yeux et prononça une petite formule magique.

- Blavias directas spiritis aquam do lineribus.

Tout d'un coup, l'eau se mit à remuer et la barque commença à avancer. Tandis qu'elle voguait sur ces eaux limpides, Elena observa sa petite carte. Elle savait exactement où elle devait aller ; le livre était assez précis quant à la position de la grotte où se cacherait le monstre, et sa carte lui permettait de bien repérer le lieu. Il n'y aurait qu'une trentaine de minutes sur l'eau et la même durée à pieds si elle se repérait bien.
Au bout d'une vingtaine de minutes, elle se surprit à avoir froid. Malgré sa grande veste noire aux bords de fourrure grisâtre, la fraîcheur du vent marin se faisait ressentir. Il faut dire que dessous, elle ne portait qu'une petite jupe blanche serrée arrivant aux genoux et un petit haut fin noir. Elle approcha sa main droite de la couverture devant elle pour la prendre. Elle la souleva... Et laissa échapper un petit cri.

- Bah, pourquoi tu cries comme ça ? demanda gentiment une petite voix douce d'enfant.
- Mais que fais-tu ici Dorel ?!

La sorcière écarquilla les yeux, complètement abasourdie par ce qu'elle venait de trouver sous la couverture. Dorel s'était glissé dans la barque avant qu'elle n'arrive ! Comment allait-elle faire maintenant ? Chaque minute était précieuse, et il était hors de question de perdre du temps pour le ramener.

- Heu... Je vous ai écouté à l'infirmerie... Pour Luc...
- C'est ce que je vois ! Et tu te crois malin ?!
- Mais... Je... Je voulais venir... Pour le sauver...
- Tu es fou ! Tu as vu le monstre que nous allons devoir affronter ? Nous ne savons rien de lui et tu viens comme ça !
- T'énerves pas... Steuplait...

Les joues d'Elena avaient pris une couleur rougeâtres tandis qu'elle observait le petit garçon. Elle secoua la tête, consciente qu'elle n'aurait pas dû s'emporter comme cela. Mais cette histoire de maladie la mettait hors d'elle et cachait son côté si doux. Et en regardant de plus près, la jeune femme remarqua que Dorel tremblait... Et avaient les yeux plus que brillants. Elle esquissa un petit sourire rassurant et tendit ses bras vers le passager surprise. Celui-ci s'approcha doucement et se colla contre elle, fermant les yeux. Une petite larme en profita pour couler le long de sa joue droite tandis qu'Elena mettait la couverture autour d'eux.

- Ne t'inquiète pas Dorel... On va le sauver... On va le sauver...

Elle frotta doucement ses mains contre le dos du petit garçon qui était très touché par cette tragédie. Le pauvre enfant ne pensait qu'à faire du bien en l'accompagnant...

Ils mirent enfin pied à terre. Main dans la main, ils commencèrent à avancer dans les Terres Inconnues. Elle étaient peu accueillantes ; la toute petite plage sur laquelle ils avaient débarqué était faite d'un sable aussi noir que le charbon. Ils empruntèrent par la suite un petit sentier de terre rouge, traversant des plaines désertiques. Quelques amas de pierres et quelques arbres morts traînaient ici et là. Mais même si le paysage semblait morbide, il ne fallait pas reculer, pas maintenant : ils touchaient au but. Car après la demie-heure de marche guidée par Elena et sa carte, le binôme arriva... Devant l'ouverture d'une sombre grotte. L'entrée, très grande, ressemblait à une immense bouche prête à avaler tout individu pour le plonger dans un trou noir. Elena lâcha un petit soupir pour évacuer la peur qui subsistait dans son esprit avant de se baisser pour se mettre à la hauteur de Dorel.

- Dorel, écoute-moi. Tu vas rester dehors, à m'attendre sagement.
- Mais...
- Il n'y a pas de mais ! J'ai ensorcelé la barque avant de venir. Tu n'auras qu'à prononcer la formule et elle te ramènera.
- Je veux venir !
- C'est trop dangereux ! Tu restes ici ; si je mets trop de temps, considère-moi comme morte et quitte cet endroit. C'est un ordre Dorel, compris ?
- Heu... D'accord...

La jeune femme lui lâcha un dernier regard, essayant de paraître la plus dure possible, avant de se détourner du petit garçon et de pénétrer dans la noirceur de l'antre de la bête. Dorel jeta un petit regard en direction des longs cheveux blonds comme les blés d'Elena, avant que ceux-ci ne disparaissent dans le noir. Il avait un mauvais pressentiment...

La jeune femme était enfin à l'intérieur de la grotte. Au fur et à mesure qu'elle avançait, la lumière de l'extérieur s'amenuisait jusqu'à la plonger dans le noir total. Elle farfouilla rapidement dans sa veste et en sortit sa baguette magique de bois. C'était un simple bout de bois clair bien taillé en pointe avec un manche court décoré de quelques perles colorées. Un petite boule rosâtre était disposée au bout de l'arme. Elle la pointa en avant.

- Ombras da remistum lumos.

Le bout rond de la baguette s'illumina d'une petite lumière blanche qui forma progressivement une boule. La boule de lumière blanche se détacha avant de flotter plusieurs mètres en avant, augmentant de plus en plus son volume lumineux. Une fois qu'elle fut très grosse, d'au moins six mètres de diamètre, elle monta dans les airs pour ne pas éblouir les yeux d'Elena, mais suffisamment bas pour éclairer le sol et les murs proches. La sorcière de l'ancienne religion reprit sa marche, son éclairage magique avançant avec elle. Le sol rocheux était parsemé de petits cailloux, rendant la marche inconfortable. Mais au fur et à mesure qu'elle avançait, les cailloux se faisaient plus durs, plus gros...

- Crac.

Elena venait de marcher sur quelque chose qui avait cassé. Elle baissa les yeux sous elle... Un os ! Elle ouvrit grand la bouche, retenant un petit cri. Ce n'était certainement pas un os humain, mais elle avait marché dessus ! Elle accéléra le pas mais s'arrêta quelques secondes plus tard. Elle venait d'entendre un bruit de grattement.

- Ssssss....

Elle sursauta légèrement. Elle se retourna, mais rien en vue. Devant elle, rien non plus d'alarmant. Et pourtant, en plus des bruits de grattement, elle entendait ce petit sifflement commun aux serpents comme si il venait des murs... Elle fit tournoyer sa petite baguette qu'elle avait dans la main droite, et la boule de lumière se fit aspirer par le bout de l'arme. Mieux valait être discrète, le monstre semblait être tout près. Elle fit quelques pas en avant, très doucement, la baguette tendue en avant au-cas-où. Brusquement, de petits « Flll, flll, flll » se firent entendre, et tout un cercle de torches s'alluma, les flammes dansant sur les murs. La vision maintenant totalement claire, elle analysa rapidement l'endroit où elle se trouvait : une pièce rocheuse circulaire, assez vaste, aux nombreuses torches se suivant sur la paroi... Et surtout au monstre, à l'exact opposé de la position d'Elena.

- Sssssssssssssssssss !

Il était exactement comme dessiné dans le livre. Son corps robuste aux longues griffes et aux mains tenant une longue lance, sa grande tête de serpent... Et surtout sa taille démesurément grande. Il devait atteindre plus de deux mètres. La créature lâcha un nouveau sifflement avant d'entamer une marche lente en direction de la jeune femme. Celle-ci avait distingué une petite ouverture dans la roche derrière son opposant ; la plante devait certainement s'y trouver. Mais elle allait devoir combattre le monstre dont elle ignorait toutes les capacités...
Tendant sa baguette devant elle, elle prononça une formule magique avec beaucoup de puissance dans la voix.

- Que ma nappe d'eau le recouvre et le plonge dans ma bulle !

Aussitôt dit, aussitôt fait. Un jet d'eau assez gros à forte pression sortit du bout de la baguette d'Elena, fonçant en direction du monstre qui ne bougea pas d'un pas. Il tendit la pointe métallique de sa longue lance devant lui... Et le jet d'eau fut aspiré par la pointe de l'arme ! Surprise, Elena ne bougea pas pendant quelques secondes alors que son attaque n'avait pas porté ses fruits. Le monstre en profita pour faire quelques pas rapides dans sa direction et lui asséner un coup de lance à l'horizontal. La jeune femme se reprit au dernier moment et se baissa, lâchant sa baguette sur le sol et sortant son poignard à la lame turquoise de sa veste. Elle donna un coup en hauteur, au niveau du poignet de la bête, celle-ci ayant frappée trop haut, et elle le lui taillada. La créature lâcha un nouveau cri de serpent et lâcha sa lance tandis qu'elle voulut donner un gros coup de ses longues griffes à Elena. Heureusement pour elle, la sorcière fit un saut en arrière, roulant sur le sol mais évitant de justesse les griffes de la bestiole. Mais cette monstruosité ne semblait pas en avoir fini, loin de là. Elle passa outre la douleur et profita du fait qu'Elena soit au sol pour écraser avec son énorme pied la baguette de bois, qui se brisa. La sorcière se mit à genoux, observant la destruction de son arme. Sa baguette était son conducteur principal de magie pour se battre...
Le monstre passa une nouvelle fois à l'assaut, ne laissant aucun répit à la jeune femme. Tandis qu'elle se relevait à peine, elle voyait la grosse bête arriver à sa hauteur, les griffes tendues vers elle. Exécutant un petit saut sur le côté, elle parvint à éviter ce petit assaut, et en profitant pour lancer sa petite contre-attaque.

- Tranche, tranche, lumière destructrice !

Elle espérait vraiment que cela allait marcher. Tenant fermement la dague entre ses deux mains, la pointe vers le monstre, la lame de son arme se mit à luire d'une étrange lumière jaune. En deux petites secondes un long trait lumineux quitta le poignard pour se loger dans la tête du monstre... Mais l'attaque fut aspirée par les écailles de serpent ! Le monstre se tourna subitement vers Elena  qui venait de rater une nouvelle fois son attaque et il lui envoya un coup de pied magistral, l'envoyant en l'air quelques mètres plus loin. Allongée sur le sol, Elena toussota et cracha quelques filets de sang sur le sol alors qu'elle avait lâché sa dague à quelques centimètres d'elle. Le mur n'était qu'à un ou deux mètres derrière elle. Un peu plus et elle s'empalait dessus... Mais le coup de pied avait été extrêmement violent. Elle tenta de se redresser avec ses bras, et parvint avec difficultés à se mettre à genoux. Elle sentait le sol vibrer... Le monstre s'approchait, et la mort aussi...

- Flap... Flap flap flap flap...

Le monstre s'arrêta soudainement alors qu'il n'était qu'à trois mètres de la jeune femme. Il aurait pu lui envoyer ses longs bras aux griffes acérées, mais quelque chose venait d'attirer son attention. Il tourna légèrement son corps et sa tête en arrière vers l'entrée de la grotte. Les deux mains tendus, et dix petites flammes allumées au-dessus de chaque doigt se tenait dans l'encadrure de la caverne... Dorel.

- Dorel ! parvint à crier Elena malgré le petit filet de sang coulant le long de son menton. Va-t-en !
- On a besoin de toi pour Luc. Je ne veux pas vous perdre !

Le petit garçon parla avec une voix emplie de sentiments et avec beaucoup de sérieux. Le monstre se délaissa d'Elena qui était mal en point et se retourna complètement vers Dorel. Le petit garçon fit un mouvement en avant avec ses mains, et les dix petites flammes quittèrent ses doigts pour foncer en direction de la tête du monstre. C'était l'une des seules choses qu'il faisait parfaitement bien maintenant. Mais malgré l'amplitude de l'attaque, les flammes étaient d'une part faibles et d'autre part les écailles de serpents de la créature arrêtaient les attaques magiques. C'est pourquoi le monstre avança rapidement, se prenant l'attaque de plein fouet sans rien ressentir, pour ensuite abattre ses griffes sur le petit garçon. Ce dernier, assez réactif, sauta sur le côté pour éviter le coup, mais le monstre n'était pas dupe ; Elena lui avait déjà fait le coup assez de fois. Il tourna la tête au même moment, et l'abaissa d'un seul coup, ses longs crocs fusant vers Dorel qui venait à peine de se remettre sur ses appuis. Heureusement, grâce à son jeune âge et à ses entraînements réguliers, il put refaire un nouveau saut, esquivant... Une partie de l'attaque, l'un des crocs lui taillaidant méchamment le côté gauche du corps.

- Aaaaaaaaargh !
- DOREL !

Elena, debout, la main droite tendue, lâcha cet énorme cri. Elle venait de voir le croc de la bête toucher le jeune homme. Et malgré le fait qu'elle ne voulait pas y croire, il fallait qu'elle se rende à l'évidence : vue la tête de serpent et le liquide violet qu'elle avait vu s'écouler le long des crocs à plusieurs reprise, elle n'avait plus du doute sur le fait qu'ils soient empoisonnés.
Le monstre fut pris de plusieurs convulsions du corps avant de s'entendre sur le sol, ventre à terre. Dans son dos, on pouvait voir le manche de la dague d'Elena, l'arme plantée en plein cœur. Elle avait profité de la diversion de Dorel... Trop tardivement.
La douleur du coup s'étant un peu estompée, elle s'approcha rapidement du petit garçon, tombant à genoux devant lui. Elle voyait déjà des veines violettes apparaître aux contours de la peau de l'enfant à l'endroit de la blessure. Elle le prit dans ses bras, le collant contre elle, malgré ses petits gémissements de douleur.

- Pourquoi... Pourquoi es-tu venu...
- Je... Pour toi... Et... Luc...
- Dorel...

Quelques larmes commencèrent à couler le long des joues de la jeune femme. Elle se décolla de l'enfant, consciente qu'elle lui faisait un peu mal, et s'approcha de l'ouverture dans le mur où elle pensait trouver la fleur. Elle ne fut pas surprise en la découvrant, et en détachant rapidement quelques pétales qu'elle rangea dans un coin de sa veste. Elle s'approcha de Dorel, et elle prit le corps du petit garçon dans ses bras le plus délicatement possible. Il fallait rentrer le plus rapidement possible...

Il sentit les rayons du soleil lui chatouiller les paupières. Clignant des yeux, il les ouvrit enfin. Il releva le buste, se mettant assis sur le lit moelleux dans lequel il était installé. Et à l'entente d'une douce voix, il tourna la tête.

- Luc...
- … Elena !

A peine Luc l'eut-il vu qu'il s'empressa de lui faire un long baiser. Après l'avoir rompu, la jeune femme blonde lui expliqua qu'elle l'avait guéri d'une maladie qui était survenue d'un seul coup grâce à une plante des Terres Inconnues. Le sorcier s'en réjouit, avouant ne se souvenir de rien.

- Tu devrais te reposer Luc, je ne t'ai administrer le traitement qu'avant-hier...
- C'est ce que je vais faire, merci beaucoup mon amour...
- Aaah... Aaaaaaah !

Luc sursauta. Venant d'un lit proche du sien caché par un drap blanc venaient de s'échapper plusieurs cris de douleur. Luc resta assis, et quelques secondes plus tard, de nouveaux gémissements s'ensuivirent. Le sorcier se leva brusquement de son lit. Il avait reconnu la voix qui prononçait ces hurlements de douleur. Debout, il s'approcha du drap blanc alors qu'Elena tentait sans vraiment le faire avec envie de l'en empêcher.

- Non, Luc, s'il-te-plaît...
- Mais qu'y... Do... Dorel ?!

Luc venait de retirer le grand drap blanc qu'on avait placé pour lui cacher le petit garçon. Un magicien en toge verte était assis à côté du lit, et releva la tête cachée par son capuchon vers Luc. Ce dernier en restait sans voix. Il venait de voir le torse nu de Dorel, complètement strillé de veines violettes de poison. Elena passa ses bras autour du corps de Luc, mais il se dégagea, s'approchant du lit à tout petit pas, et s'effondrant à genoux juste à côté.

- Co...
- Luc... Je suis désolé... Il a été touché par la bête...
- Pourquoi... POURQUOI IL EST PARTI ?!
- Luc, calme-toi... J'ai essayé de l'en dissuader mais...
- Pour... Pourquoi...

Le corps de Luc tremblait sans s'arrêter. Des larmes commencèrent à couler le long de ses yeux. Elena ne bougeait pas, comprenant à la tristesse de Luc, et elle aussi étant touchée par cela... Dorel ouvrit doucement les yeux, et lâcha un petit sourire en voyant Luc agenouillé à côté de son lit.

- Lu... Luc...
- Non... Dorel... Dorel... Pas toi...
- Je... J'ai sau... Sauvé Elena et... Toi... Aaaaaaah ! Aaaaargh !
- Do... Dorel...
- J... Je vous ai... Aime... Papa... Maman...

Les yeux de Dorel fixèrent brusquement un point au plafond, et son corps ne bougeait plus. Elena essuya doucement les larmes qui venaient de couler le long de ses joues. Dorel... Etait mort.

- Dorel... Dorel... Non... NOOOOOOOOOOOON ! cria Luc désespérement.
*****


Dans la grotte de la Triade, l'homme encapuchonné était assis sur le grand promontoire en pierre désormais vide. A l'entrée de la caverne se trouvait la dernière membre du trio magique, de dos, vêtue d'une grande toge bleue foncée, le capuchon non rabattu sur la tête. On pouvait voir ses longs cheveux bruns ondulés. L'homme se racla la gorge et s'exprima.

- Et donc elles sont mortes ?
- Oui, elles n'ont pas respecté notre règle la plus ancienne.
- Et les Dieux se sont vengés... Il n'empêche, je suis étonné d'une telle prise d'initiative.
- A partir du moment où je ne m'occupe pas de les rappeler à l'ordre, elles sont prêtes à faire n'importe quoi...
- Je vois... Tu es donc la dernière des trois.
- Oui et non. La Triade n'existe plus. Il te faudra désormais te débrouiller seul. Je vais continuer mes objectifs seule. Mais tu pourras toujours essayer de me contacter.
- Je vais me débrouiller, je vois...
- N'oublie pas mon conseil de la dernière fois. Attend la maladie du roi qui va se réveiller au plus haut dans quelques temps. Et là, tu frapperas.
- Je vois. Merci beaucoup.

La femme secoua légèrement la tête et disparut dans la pénombre de la grotte, l'homme lâchant un petit rire rauque.


Dernière édition par Luc le Sam 7 Fév - 13:48, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: On ne naît pas mauvais ; on le devient.    On ne naît pas mauvais ; on le devient.  Icon_minitimeSam 7 Fév - 13:47

4 - A life for a life.


Tac. Tac Tac.

Les gouttes d'eau s'écoulaient des stalagmites de pierre pour finir leur course sur le sol rocheux de la grotte. L'espace était presque vide si l'on oubliait le grand lac qui occupait une place importante et la femme assise sur la rive. Vêtue d'une longue toge bleue foncée avec un capuchon non rabattu sur sa tête, et ayant de longs cheveux noir de jais ondulés, on ne pouvait pas se tromper sur son identité: la dernière membre de la Triade.
Elle observait avec attention la surface limpide du lac, comme si elle y voyait des images. Et c'est ce qu'il se produisit quelques secondes après. L'eau se troubla, quelques ondes surgirent à la surface et enfin un petit carré d'eau fit apparaître l'image d'un personnage entièrement encapuchonné de la tête aux pieds. Celui-ci prit la parole après un échange de regards pendant quelques secondes. Et malgré qu'il ne soit pas dans les lieux, l'eau semblait servir de moyen de communication puisque sa voix se faisait entendre très distinctement, raisonnant dans la grotte.

- La maladie a enfin frappé le Roi.
- Je le sais, sinon tu ne m'aurais pas appelé. Tu vois, ta patience est récompensée.
- Je sais bien que vous vouliez mettre un terme à notre alliance. Mais... Trois ans que j'attendais ça...
- Hm... Il est temps de frapper un grand coup !
- Que dites-vous ? J'ai attendu, j'attendrai encore quelques jours pour qu'il meurt enfin.
- Et que fais-tu du Prince Luc et de sa chère et tendre ? Je te rappelle qu'il faut éliminer leur liaison, leur amour commun. Sinon, tu échoueras.
- Ce détail m'avait échappé...
- Alors il est temps de le remettre au goût du jour. Je sais comment nous allons nous y prendre.
- A croire que vous l'aviez déjà prévu ma chère.
- En effet. Luc pense qu'il n'existe aucun moyen de sauver son père. Mais ce n'est pas tout à fait vrai ; j'en ai largement le pouvoir. Il suffit de sacrifier une vie pour en sauver une autre. Ainsi, l'équilibre du monde s'en voit restauré.
- Vous voulez que je vous les amène ?
- Pas de ton propre chef, sinon tout serait compromis. Non... Fais passer une vision de cela à Elenan d'une quelconque manière que ce soit. Elle pensera l'avoir vu dans l'un de ses livres des Terres Inconnues et ira immédiatement en parler à Luc. Ainsi, ils viendront me voir. Et l'un d'eux perdra la vie.
- J'avoue que ce plan est très plaisant, mais si l'un sacrifie sa vie, mon père survivra.
- Tu me prends donc pour une idiote ? Voyons, j'ai déjà tout prévu. Nous allons utiliser un sortilège permettant d'inverser les effets d'un autre sort ou d'une potion...
- Et ainsi, au lieu de le sauver, cela le tuera ?
- Quelle perspicacité. Prend un bijoux, apporte-le et nous pourrons commencer le rituel. Et après, ce sera à toi de jouer.

L'homme encapuchonné quitta l'image, laissant un mur de marbre et une chaise vide. Il était très certainement allé chercher ce que la dernière membre de la Triade lui avait demandé. Celle-ci ne put s'empêcher de lâcher un petit rire. Pendant ces quelques années où ils ne s'étaient pas vus, elle avait songé à différentes possibilités quant à leur plan. Et... Tout semblait leur sourire cette fois-ci...

*****

Retroussant les manches de sa tunique rouge et époussetant son pantalon de tissu marron, Luc ouvrit la porte de sa chambre, soupirant légèrement. Il devait être minuit, et pourtant quelqu'un avait toqué à sa porte. Le prince espérait que ce soit urgent, car le déranger pendant son sommeil à cette heure-ci pour une broutille ne serait pas excusable. La porte une fois ouverte, il s'en dégagea un conseiller du roi vêtu d'une grande toge verte, le crâne complètement chauve et transpirant, la respiration haletante. Pour être dans cet état, il avait dû sûrement courir ou voir quelque chose de troublant. Luc tourna la tête en arrière, observant son grand lit. Elena dormait tranquillement, ses longs cheveux blonds comme les blés se soulevant doucement sur son visage avec le rythme de sa respiration. Elle n'avait pas été réveillée. Le nouvel arrivant n'attendit même pas que Luc l'invite à parler pour adresser sa nouvelle urgente.

- Prince, prince, c'est terrible ! La maladie de votre père s'est manifestée d'une manière tragique !
- Pardon ?!
- Il est dans son lit, presque à l'agonie. Je ne sais pas combien de temps il tiendra, mais Sir, je ne pensais pas que la maladie frapperait d'un seul coup !
- On y était préparé... Mais pas maintenant...
- Dois-je...
- M'y conduire, vite !

Luc ne prit même pas le temps de se retourner qu'il quitta la pièce en suivant de près le conseiller, claquant la porte derrière lui. La jolie blonde, encore étendue sur le lit, cligna doucement des yeux. Elle releva lentement son buste, observant la pièce. Un rapide coup d’œil vers une fenêtre lui indiqua qu'il faisait encore bien nuit. Mais... Où était passé Luc ?

Déposant un dernier baiser sur le front de son père, Lucas lâcha un petit soupir. Il entendit la porte s'ouvrir derrière lui, et en se retournant, il vit son frère qui se précipitait au chevet du roi. Se relevant, Lucas quitta la pièce sans adresser un seul mot ni un seul regard à Luc qui était plus que dépité de voir son père aussi faible dans son lit. Fermant la porte derrière lui, il s'adossa contre elle, réfléchissant. Il avait pu parler avec son père quelques instants, et celui-ci lui avait annoncé qu'il aurait le trône à sa mort. Une lourde tâche... Mais il saurait la gérer, il avait confiance en lui. Arborant un petit sourire sur ses lèvres, Lucas commença à descendre les grands escaliers de pierres du donjon lorsqu'il aperçut une silhouette monter. Il reconnut Elena, qui semblait assez affolée. Le jeune homme ferma les yeux, continuant de descendre les escaliers. Il bouscula la jeune femme, et pour éviter qu'elle ne chute brutalement, la rattrapa, lui donnant une petite tape dans le dos. Il rouvrit les yeux, enlevant le sourire de son visage, et lui adressa un petit regard avant de continuer sa descente sans un mot. La sorcière blonde, elle, ne comprenait pas vraiment ce qu'il se passait hormis le fait qu'elle avait failli tomber à cause de Lucas. Ne se préoccupant pas vraiment de cela, elle monta quelques marches avant de poser son bras droit contre le mur. Un petit mal de tête venait de la prendre subitement, sa vision devint floue... Et tout cela disparut en quelques petites secondes à peine. Elle avait dû se lever trop vite. Elle continua son chemin, tendant l'oreille. Elle entendait des voix venant tout droit de la chambre du Roi. S'approchant un peu plus, elle entrouvrit la porte et colla son oreille contre la petite ouverture, écoutant du mieux qu'elle le pouvait la conversation. Elle reconnaissait la voix de son être aimé. Elle était tremblante... Comme si il était triste. La deuxième voix devait être celle du Roi, mais elle était si faible qu'Elena avait du mal à l'entendre.

- Mon fils... Je suis désolé d'être dans cet... État...
- Il n'y a pas à l'être père... La maladie devait frapper... Mais je...
- Tu ne pensais pas que ce serait... Aussitôt, je sais... Et... Je sais aussi combien c'est dur pour toi...   De voir quelqu'un agoniser et... Mourir sous tes yeux... Depuis...
- Depuis Dorel... Oui, père...
- Avant... Avant de disparaître... Je... Voulais te dire quelques mots...
- Économisez votre force père...
- Non... Je n'en ai plus pour très longtemps... Une journée tout au plus... Ecoute moi attentivement...
- Je vous écoute...
- Le trône... Sera à ton frère... Dès ma mort.
- Je le savais déjà, de toute... De toute façon ça ne m'a jamais intéressé...
- Mais toi... Il y a... Une chose que... Je voulais te donner... Sous mon lit... Une boîte de bois... Tu la reconnaîtras... Ouvre-là... Une fois que je serai mort... Kof kof !
- Père... Vous crachez du sang !

En effet, le Roi, qui avait de plus en plus de mal à parler, venait de tousser de cracher un peu de sang sur ses draps blancs.

- Peu... Importe... Luc... Tu as toujours été... Bon... Gentil... Tu as tout ce qu'il faut...
- Je vous en conjure père, taisez-vous...
- Non... Je t'ai toujours aimé, toujours... Et je continuerai de le faire... Je suis plus que fier... De ce que tu es devenu...
- Père... Me... Merci...

Le roi ouvrit la bouche, mais c'est une simple râle qui la quitta. Il ferma doucement les yeux, entrant dans une sorte de sommeil. Il n'était pas encore mort, mais son heure approchait. Luc essuya les quelques larmes qu'il refoulait avec peine, et fit un énorme bisous sur la joue de son père. Il resta là, quelques secondes, sa tête contre celle de son père. Lorsqu'il eut ravalé toutes ses larmes, il se baissa pour passer sa tête sous le lit de son père. Tendant ses bras, le prince tâtonna jusqu'à enfin trouver l'objet que son père voulait à tout prix lui donner : une boîte. Assez simple, en un bois clair, elle n'avait qu'une simple particularité : un socle en or avec un petit symbole, un arbre renversé aux multiples racines et au feuillage épais. Prenant la boîte sous son bras, Luc quitta la pièce. Elena décolla son oreille, s'écarta légèrement et attendit que son compagnon sorte. Lorsqu'il fut dehors, il s'arrêta, dardant un regard triste dans les magnifiques yeux de sa compagne. Elle ne comprenait pas vraiment ce qu'il se passait ; elle n'était pas au courant de la maladie du père de Luc, une maladie cachée à tout le peuple pour ne pas l'inquiéter. Alors, Luc ne se jeta pas dans ses bras. Bien au contraire, ils se soutinrent mutuellement leur regard. Un silence de plomb s'installa pendant quelques secondes, avant que Luc ne le brise pour tout expliquer.

- Mon père... Est atteint depuis longtemps d'une maladie incurable.
- Et c'est maintenant que tu m'en parles ? Lorsqu'il agonise ?!
- J'avais omis ce détail ! Je ne voulais pas t'embêter avec ça ! De toute façon, nus savons depuis longtemps que c'est incurable, alors te le dire ou non n'aurait rien changé...
- Excuse-moi... Je ne voulais pas paraître méchante.... Je sais combien cela te gêne et t'attriste... Pardonne-moi...
- Oh... Ne t'inquiète pas... Tu ne savais pas... Et je m'y étais préparé...

Tout à coup, Elena ferma les yeux, laissant une grimace de douleur se dessiner sur son visage. Se prenant la tête entre ses mains, elle tomba à genoux, serrant les dents, retenant un cri de douleur. Son mal de tête énorme venait de la reprendre. Mais comme avant, il ne resta que quelques secondes. Se reprenant rapidement, elle se releva, secouant sa tête. Luc le prit doucement le bras pour l'aider à se lever.

- Que s'est-il passé ?
- Je ne sais pas... Un énorme mal de tête qui m'a pris...
- Tu m'as fait peur... Je ne veux pas perdre deux des personnes que j'aime le plus au monde le même soir...
- Je comprends... Et... Et... Tu n'en perdras aucune ce soir.
- Que... Que veux-tu dire par là ?

Elena écarquilla légèrement les yeux, étonnée de ce qu'elle venait de dire. C'est étrange car avant aujourd'hui, elle n'avait jamais réellement songé à une telle possibilité, même quand Luc avait été au bord de la mort... Mais elle s'en souvenait maintenant très clairement.

- Il existe... Une entité capable de nous aider.
- Quoi ?
- Dans les Terres Inconnues... Ce n'était qu'un vague souvenir, mais maintenant... Tout est clair. Je me souviens même du chemin qu'indiquait le livre.
- Tu es sérieuse ?
- Oui !
- Mais... Qui est cette entité ? Comment peut-elle nous aider ?

Elena mit sa main droite sur son front, un toute petite douleur à la tête se faisant sentir. Dès qu'elle passa, elle expliqua ce qu'elle savait.

- Il s'agit de « La Triade », une entité de sorcières capables de nous aider. Mais... Il y a quelque chose...
- De ?
- Il faut sacrifier une vie pour en sauver une autre...
- …
- Je viens de m'en souvenir, et ce détail vient également de me revenir....
- Je vais me sacrifier pour sauver mon père.
- Mais... Luc !
- Il n'y a pas de « mais » qui tienne ! On a trop peu de temps, et je suis prêt à tout pour sauver mon père !
- Luc... Après le sacrifice de Dorel tu vas quand même faire ça ?
- Tu oses me faire remémorer ça ? Tu sais combien ça a été dur ?
- Je suis désolée mais... Je ne veux pas te perdre !

Luc ne répondit pas. Il ferma doucement sa bouche, observant avec attention son amour qui venait elle aussi ne voulait pas continuer. Ils se rendaient compte de la gravité des événements... Et du difficile choix qu'ils avaient à faire. Le prince se jeta dans les bras de son aimée, posant sa tête dans le creux de son épaule.

- Je suis désolé... Mais je dois le faire...
- Tu... Luc... Je ne peux pas te voir partir comme ça...
- Il le faut... Je n'ai pas le choix...
- Alors laisse-moi t'accompagner... Je t'aime Luc... Trop...
- Moi aussi je t'aime...

Ils restèrent quelques minutes de plus dans un silence pesant. En bas des escaliers, Lucas reprit sa route en ouvrant les grandes portes. Il s'était permis d'écouter la petite conversation.

- Intéressant... souffla-t-il doucement.

*****

Luc monta dans la barque à la suite d'Elena. S’asseyant à l'intérieur, il ferma doucement les yeux, et prononça la petite formule pour faire avancer magiquement la barque :  « Blavias directas spiritis aquam do lineribus ». L'embarcation de bois commença à voguer sur l'eau tandis que Luc se collait à Elena.

- Tu as bien pris ton flacon de sang ? Elles vont te le demander pour prendre ta vie...
- Ne t'inquiète pas, je l'ai... Et, qu'as-tu au bras ?

Elena baissa doucement les manches de sa longue veste noire. Mais Luc avait eu le temps de voir un petit bandage blanc au niveau du poignet droit de la jeune femme. Elle soupira légèrement.

- Dans la précipitation, je me suis coupée, mais ce n'est rien, un petit bandage suffisait.
- D'accord...

Luc se cala contre elle, bien au chaud, entourant le corps d'Elena de ses bras. Si il ne lui restait plus que quelques heures à vivre, alors il les passerait avec la personne qu'il aime le plus au monde. Il le savait, il prenait une décision cruciale... Mais il ne regrettait pas. Il devait sauver son père, un père qui l'avait élevé seul avec son frère jumeau, un père toujours attentif avec lui, qui l'avait aimé et chéri de tout son cœur... C'était son destin.

Cela devait faire une petite heure qu'ils étaient en bateau. La nuit était encore bien présente, mais la barque flottait encore sur l'eau. Et à quelques mètres de là... Des flammes. Certainement des torches, qui éclairaient l'entrée d'une grotte que l'eau traversait. Plus ils avançaient, plus Elena savait ce qu'elle faisait. Comme si elle avait déjà vu ça auparavant, et qu'il fallait le faire pour que tout lui revienne. Et pourtant, étrangement, elle pensait ne rien connaître. C'était une sensation assez spéciale.
Ils pénétrèrent à l'intérieur de la grotte, la barque flottant doucement sur l'eau. Plus ils avançaient, plus des torches s'allumaient progressivement, éclairant un peu plus la vaste grotte dans laquelle sils venaient d'arriver. Observant tout autour d'elle, Elena remarqua que le courant d'eau s'arrêtait à quelques mètres de là, formant une sorte de lac à l'intérieur de la grotte. Secouant doucement le corps de Luc pour le réveiller, elle attendit qu'il ouvre les yeux pour déposer un simple baiser sur ses lèvres avant de se mettre debout sur la barque. Ils arrivèrent enfin sur la berge, la barque se stabilisant doucement, flottant sur place dans l'eau. En posant pieds à terre, ils se retournèrent lentement en arrière pour observer les lieux qui étaient entourés de torches allumées sur les murs... Lorsqu'ils virent, à quelques mètres d'eux, une femme. Vêtue d'une longue toge bleu foncé allant jusqu'au bout de ses pieds, elle avait de longs cheveux noirs arrivant jusqu'à presque sa poitrine, légèrement ondulés, encadrant un fin visage magnifique très jeune. Deux grands yeux bleus perçants lançaient un regard froid. Elle les observa attentivement, sans bouger. Mais Luc vint rompre le silence quelques secondes après, trop pressé de sauver son père.

- Nous sommes venus...
- Je sais pourquoi vous êtes là. Et je sais qui vous êtes.
- Vous êtes une membre de la Triade ? demanda Elena
- La Triade n'existe plus désormais. Je suis Morgane, et je vais réaliser votre souhait : sauver votre père jeune Luc. Mais sachez-le ; quand on utilise cette magie, il y a toujours un prix à payer. Dans ce cas-ci...
- Il s'agit d'une vie contre celle de mon père...
- En effet. Une vie pour une vie, et ainsi, l'équilibre du monde est restauré.
- C'est pourquoi je veux donner ma vie en échange de celle de mon père !

Morgane ne répondit pas de suite. Elle se plaça dos au couple, laissant un petit sourire fourbe se dessiner sur son visage. Son plan fonctionnait parfaitement bien. Elle tendit sa main droite devant elle, claquant des doigts. En une fraction de seconde, un petit objet vint apparaître dans sa main dans un halo de lumière bleue qui disparut aussitôt. Elle tenait maintenant un grand calice doré décoré de quelques pierres précieuses. Elle se retourne vers Luc et Elena, tendant la coupe vers eux.

- Ceci est « La Coupe de la vie ». Il me faut ton sang, Luc, pour que je puisse te donner ce qui sauvera ton père.

Le prince tourna doucement la tête vers Elena, lui adressant un regard empli de tristesse. Il fouilla dans sa tunique rapidement avant d'en sortir un petit flacon haut comme un doigt et fermé par un bouchon de liège. Il était rempli d'un liquide rouge qui était très certainement son sang. Se détournant de sa compagne, il s'approcha à petits pas de Morgane. Elena, elle, fixa son regard sur la main de son homme qui tenait le flacon, et elle serra fortement ses propres mains entre-elles. Elle marmonna rapidement quelques petits mots. Alors que Luc s'arrêtait à deux pas de la sorcière qui allait lui permettre de sauver son père, il sentit quelque chose dans sa main. L'ouvrant, il vit qu'il tenait toujours le flacon... Et seulement le flacon. Rien d'anormal à priori. Il ouvrit donc le bouchon, mais avant d'en déverser le contenu dans La Coupe de la vie il fut interrompu par Morgane.

- Est-ce bien ton sang ? Et est-ce bien ta vie que tu veux sacrifier ?
- J'ai mis mon sang moi-même... Et je suis sûr de mon sacrifice...
- Bien, dans ce cas, je t'invite à le mettre à l'intérieur de la coupe.

Tandis que Luc versait doucement le sang dans l'objet magique, Morgane lança un rapide coup d’œil inquisiteur à Elena. La jolie blonde soutint le regard quelques instants avant de détourner les yeux. Ouvrant très doucement sa main droite, elle vit qu'elle avait elle aussi un flacon de sang, identique à celui de Luc. Elle avait réussi... Elle le rangea discrètement dans sa veste, attendant que Luc revienne à côté d'elle. Lorsqu'il fut près d'elle, ils glissèrent une main dans l'autre, tentant de se rassurer mutuellement. Morgane, quant à elle, finalisa le « remède ». Passant sa main gauche par-dessus le calice très doucement, elle psalmodia à voix haute de drôles de paroles incompréhensibles. Le liquide à l'intérieur de la coupe se mit à bouger, et le rouge sang devint progressivement vert. Satisfaite, elle fit apparaître d'un nouveau claquement de doigt un petit flacon métallique gris dans sa main gauche et versa le contenu de la coupe à l'intérieur. Une fois fait, elle déposa doucement la coupe au sol, fermant la petite fiole à l'aide d'un capuchon refermable. Elle la tendit à Luc qui la récupéra de sa main libre, la serrant fermement.

- Merci...
- Une vie pour une vie. Désormais, vous ne pouvez plus revenir en arrière. Maintenant, partez.
- Adieu, Morgane. dit doucement Luc, assez troublé
- Oh, à très bientôt... A très bientôt...

Sur cette étrange phrase, Morgane se détourna d'eux et ramassa la coupe, signe qu'elle en avait terminé avec cet arrangement. Elena et Luc se remirent dans la barque, quittant la grotte rapidement sans se retourner. Lorsqu'ils furent totalement sorti, Morgane s'approcha du lac qui était à l'intérieur de son antre et s'assit sur le sol. Passant sa main gauche par-dessus la surface de l'eau, elle fit apparaître l'image de l'homme encapuchonné.

- J'espère que tu n'en as pas raté une miette.
- C'était parfait Morgane. J'aurais bien voulu voir leur tête tout de même.
- Et te faire repérer maintenant alors que tu es si près du but, très intelligent. Tant qu'ils n'administrent pas la potion, sa vie ne sera pas prise.
- Et grâce au collier ensorcelé par nos soins que j'ai mis au Roi, il mourra lui aussi...
- Tout est parfait.
- Je dois vous avouer ma chère qu'un grand merci s'impose. Ah, et...
- Il suffit. C'était la dernière fois que je t'aidais. La dernière fois que je remplissais mon rôle de membre de la Triade. Désormais, tu devras te débrouiller seul. Je te l'avais déjà dit.
- Oh... Eh bien, merci pour tout.

L'image disparut de la surface du Luc et Morgane soupira. Elle allait rester un peu dans sa grotte, car elle savait très bien qu'elle n'en avait pas terminé avec cette histoire et que le prince allait rapidement revenir vers elle...

*****


La porte de la chambre du roi s'ouvrit précipitamment. Tombant à genoux dans l'encadrement de la porte, Luc ouvrit sa main, laissant apparaître le flacon métallique. Son frère, qui était dans la chambre, alla à sa rencontre, récupérant la potion qui était destinée à sauver leur père.

- Vous avez été parfaits. En espérant que cela marche... Allez vous reposer.

Elena, voyant la fatigue de Luc, décida de le relever et de l'entraîner hors de la chambre, jetant un dernier coup d’œil à  Lucas qui s'approchait du Roi. Elle quitta les lieux rapidement, désireuse de laisser Luc se reposer. Après tout, c'était leur dernière soirée ensemble...
Revenant sur ses pas jusqu'à l'entrée de la chambre de son père, Lucas attendit que son frère et sa petite amie soient partis pour fermer la chambre. Il était désormais seul. S'approchant du lit, il fit boire à son père en lui ouvrant la bouche par le menton la potion de Morgane qui était censée le sauver. Il déposa le flacon sur la table de chevet en bois à côté de lui, attendant un quelconque signe de son père. Ce dernier sursauta d'un seul coup et s'assit. Son visage, qui jusqu'à présent était pâle, avait repris d'un seul des couleurs. Il écarta ses mèches brunes transpirantes qui bloquaient sa vue pour tourner la tête vers Lucas.

- Vous... Vous m'avez sauvé la vie ?
- En êtes-vous sûr, père ?

Le roi ne comprenait pas vraiment pourquoi son fils venait de lui répondre cela. Il venait de récupérer toute sa force d'un seul coup, il le sentait. Alors pourquoi Lucas mettait-il en doute ce fait ? Il allait répondre à son fils lorsque d'un seul coup une violente quinte de toux le pris, lui faisant cracher quelques gouttes de sang. A l'intérieur de lui, il sentait brusquement ses forces qui venaient tout juste de revenir disparaître à nouveau. Son corps lui faisait mal ; il s'allongea, toussant un nouvelle fois avant de garder son regard qui commençait à devenir progressivement flou vers Lucas.

- Tu... C'est toi ?
- Mais de quoi parlez-vous, mon cher père ?

Brusquement, Lucas s'approcha du lit, prenant violemment les poignets de son père dans ses mains, serrant avec force. Son air faussement ignorant disparut, laissant place à une expression froide et machiavélique. Il darda son regard si inexpressif vers son père, murmurant ses mots.

- Voyons, voyons... Vous m'aviez bien dit que je monterai sur le trône à votre mort, n'est-ce-pas ?
- Kof kof... Comment...
- Oh, oui, je suis vraiment navré père, si vous saviez le nombre d'années qu'il m'aura fallu pour enfin obtenir ça !
- Je... Je ne... Te reconnais plus...
- Je suis promis à un grand destin, et cela commence par la conquête du trône. Vous ne pouviez pas vous douter que votre tendre fils allait vous jouer un aussi mauvais tour, n'est-ce-pas ? Ah ! J'aurais bien voulu que vous disiez un dernier adieu à Luc, mais vous allez certainement vous retrouver ensemble dans l'au-delà de toute façon.
- Qu... Quoi ?
- Il a sacrifié sa vie pour vous sauver, c'est si... Touchant. Malheureusement, j'ai retourné ce sauvetage en une mort certaine. Adieu, père.

Le roi ne répondit même pas, ses dernières forces l'abandonnant avec cette terrible nouvelle qu'était la trahison de son fils. Avant de lâcher son dernier souffle, il se remémora les moments qu'il avait passé avec ses deux enfants bien des années avant. Luc, sensible, gentil, attentionné. Lucas, plus froid mais plus fort, déterminé, courageux. Jamais il ne se serait douté que l'un d'eux allait lui faire quelque chose comme cela. Il ne regarda pas son assassin sortir de la pièce, malheureux... Et mort.

*****

Luc s'arrêta brusquement dans les escaliers, voyant son frère qui descendait. Une expression à la fois dépitée et désespérée, il l'attendit. L'assassin du Roi, quant à lui, fut assez surpris de voir son frère encore en vie. Morgane lui avait assuré qu'en administrant la potion à son père, celui qui avait donné sa vie en échange serait mort. Et pourtant, il était toujours là... Mais ne semblait pas dans son assiette. S'approchant de lui, il tenta de paraître le plus sympathique possible.

- Luc ? Quelque chose ne va pas ?
- Tout va mal ! C'est... C'est Elena !
- Qu'a-t-elle ?
- On arrivait dans la chambre... Et...
- Quoi Luc ?
- Elena s'est volatilisée d'un seul coup !
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MessageSujet: Re: On ne naît pas mauvais ; on le devient.    On ne naît pas mauvais ; on le devient.  Icon_minitimeMer 25 Mar - 18:54

Unimaginable

- Elena s'est volatilisée d'un seul coup !

Lucas ouvrit grand les yeux. Cette fois-ci, il ne feintait pas la surprise. Tandis que son frère était encore vivant, sa petite amie qui elle aurait dû rester en vie... Avait disparu ? Il ne mit que quelques secondes à réfléchir ; il y avait forcément un lien entre Morgane et la disparition d'Elena. Peut-être même que c'était Elena qui avait donné sa vie, et pas Luc, ce qui expliquait cette disparition. Malheureusement, les communications sont terminées entre lui et la sorcière. Mais cette histoire, elle, ne semblait pas finie...

- Lucas... Dis quelque chose !
- Je pense... Qui as-tu rencontré dans les Terres Inconnues ?
- Une dénommée Morgane je crois, une membre de la Triade...
- Alors il faut que tu retournes la voir.
- Quoi ?
- Ça doit être lié ! Je viens d'administrer la potion à père, et là tu m'annonces que l'amour de ta vie a disparu ; je ne vois qu'une chose à faire : aller voir cette Morgane.
- Je...
- Tu as tout en tête, tu y es déjà allé. Tu n'as rien à perdre ; vas-y.
- Hm... D'accord, Lucas. Merci.

Tandis que Luc détala rapidement pour ainsi trouver une barque, Lucas lâcha un petit soupir. Son père était désormais mort, et il allait être fait roi. Mais tout n'était pas encore fait. Il descendit tous les grands escaliers de pierre pour aller jusqu'à l'entrée du donjon. Il y trouva deux gardes, qui gardaient la porte. Ils n'avaient pas changé entre hier et aujourd'hui, Lucas le savait car il avait lui-même organisé les rondes. S'approchant d'eux, il les salua d'un mouvement de tête avant de leur adresser la parole.

- Dites-moi... Il n'y a pas beaucoup de temps de cela, vous avez bien vu Luc et sa compagne revenir en courant, non ?
- En effet, Prince, répondit l'un des gardes.
- Bien, et... Luc tenait-il une sorte de flacon métallique dans les mains ?
- Je crois bien qu'il avait quelque chose, mais je n'ai pas bien vu...
- Mais si, je te l'ai même fait remarqué ! Il en avait un grisâtre Prince Luc ! l'informa l'autre garde.
- Bien, bien... Pouvez-vous monter à la chambre du Roi avec moi ? J'ai quelque chose à vous montrer...

Lucas monta jusqu'à la chambre de son père mort, les gardes le suivant, ne se doutant pas de ce qu'ils allaient découvrir.

*****

Les deux bras levés vers le ciel, le regard porté vers la coupe dorée qu'elle tenait entre les mains, Morgane termina de prononcer son incantation magique. Elle s'arrêta brusquement, entendant un bruit de chaussure grattant le sol de pierre de sa grotte. Baissant ses bras, elle se retourna lentement, laissant ses yeux bleus se poser sur l'individu qui venait d'entrer. Elle laissa un petit sourire étirer ses lèvres tandis qu'elle fit quelques pas sur le côté, permettant ainsi au nouvel arrivant de contempler ce qui se cachait derrière elle. A l'opposé du lac qui faisait une grande partie de la grotte se trouvait un autel sacrificiel, avec, allongé dessus, un corps sans vie. Les longs cheveux blonds comme les blés de la personne tombaient sur les bords de l'autel, son magnifique visage semblait endormi... Il s'agissait d'Elena !
Luc s'effondra d'un seul coup sur le sol, tombant à genoux. Il ne pouvait pas croire ce qu'il voyait. Son amour, sa moitié... Étendue, morte. Il lui avait suffi de la voir là pour comprendre et remettre tout en place. Ce n'était pas sa vie à lui que Morgane avait prise, mais celle d'Elena. Cette coupure au bras n'était pas une banale blessure ; c'est grâce à cela qu'elle avait pu prendre son sang et l'inverser avec celui de Luc. Voilà pourquoi Elena semblait si concentrée et tendue lorsque Luc avait donné le flacon...
Le prince prit sa tête dans ses bras, éclatant en sanglots. Son corps tremblait telle une feuille morte et ses larmes ne cessaient de couler. C'était impossible... Pourquoi s'était-elle sacrifiée ? C'était lui qui aurait dû perdre la vie, c'était lui qui devait sauver son père... Pas elle... Pas à sa place... Le choc était immense pour le sorcier, qui ne savait quoi. Il enleva la tête de ses mains, la levant vers le plafond de la grotte, et il lâcha un énorme cri empli de rage et de détresse. Morgane, à quelques pas de l'autel et du corps inerte d'Elena, lâcha un soupir.

- Moins de bruit voyons, moins de bruit. Il y en a tout un tas d'autres, de filles prêtes à conquérir le cœur d'un Prince.

Le corps de Luc s'arrêta de trembler d'un seul coup. Lentement, très lentement, il tourna sa tête en direction de la femme aux longs cheveux noir de jais qui l'observait, un petit sourire satisfait au visage. Elle ne semblait pas regretter ce qu'elle avait fait. Après tout, elle n'était là que pour restaurer l'équilibre du monde, peu importe la vie échangée. Il se releva doucement, chancelant, mais gardant son équilibre. Elle le savait. Elle lui avait dit qu'ils se reverraient. Le choc émotionnel était si fort que Luc désigna un coupable dans cette affaire... Et pour lui, il s'agissait de Morgane.

- Traîtresse... Tu savais... Tu savais... ET TU L'AS LAISSEE !

D'un seul coup, Luc tendit sa main droite en direction de la sorcière. Un petit cercle de lumière blanche apparut dans le creux de sa main, et un rayon lumineux le quitta pour aller tout droit en direction de Morgane. Celle-ci lâcha un petit sourire avant de tendre la coupe de la vie devant elle, psalmodiant quelques paroles incompréhensibles. Le rayon frappa le métal de la coupe dorée... Et fut déviée en plein sur l'autel sacrificiel ! L'attaque se ficha dedans, sans causer dans un premier temps aucun dommage. Mais... Il ne fallut que quelques secondes pour que le véritable pouvoir du rayon ne se révèle. L'autel, et le corps d'Elena qui était allongé dessus se mirent à luire de la même lumière blanche que l'offensive de Luc. Et progressivement, ils commencèrent à se désintégrer en une petite poussière dorée ! Constatant le gravité de la chose, Luc ne put rien faire si ce n'est contempler le désastre qu'il avait en parti causé, ses larmes ne cessant toujours pas. Le corps de sa bien-aimée disparaissait, la poussière dorée dans laquelle il se transformait s'estompant au bout de quelques secondes de flottement dans les airs. C'était inimaginable... Il n'avait rien demandé, alors pourquoi ? Il ne souhaitait qu'une vie heureuse en compagnie d'Elena, mais voilà que ce désastre venait tout anéantir... Et il n'avait même plus son corps pour lui offrir une sépulture digne de ce nom ! Tout était terminé... Mais pas avec Morgane, non. Il avait encore un compte à régler avec elle.

- Tu vas payer...
- Payer pourquoi ? Je n'ai fait qu'échanger la vie de quelqu'un en échange de celle de ton père, n'était-ce pas le pacte convenu ?
- Faux ! C'était ma vie... PAS LA SIENNE !
- Je me fiche éperdument de la vie que l'on m'offre. Je rétablis la balance régissant notre monde, aussi simplement que cela.
- Tu aurais pu me prévenir... Non, au lieu de cela... Au lieu de cela tu as préféré qu'elle meurt !
- Je ne suis pas responsable de ton malheur, alors arrête de geindre.
- TU VAS PAYER !

Il émanait de Luc une telle rage, une telle tristesse... Il ne se maîtrisait plus, ne se contrôlait plus. Ramenant ses deux main l'une contre l'autre, il leva les bras bien au-dessus de sa tête, fermant les yeux. Toute la grotte se mit à trembler. Une aura magique importante semblait émaner du corps de Luc, qui était très concentré et s’apprêtait très certainement à envoyer une offensive en direction de Morgane. Malheureusement, il n'en eut pas le temps. La sorcière avait déjà tendu son bras libre dans sa direction, la main grande ouverte, et avait prononcé quelques mots avant de serrer le poing fermement. Deux énormes serpents aux écailles vertes sortirent du sol et entourèrent tout le corps du prince, l'immobilisant. La dernière survivante de la Triade fit quelques pas en sa direction, très lentement. Elle lui lâcha un petit sourire narquois en le voyant faire des grimaces avec le visage et en le voyant tenter de se libérer de l'étreinte des serpents en se mouvant dans tous les sens. S'approchant de lui, elle plaça sa tête à quelques centimètres de cella de Luc, laissant son souffle ébouriffer quelques mèches turquoises du jeune homme.

- Tout est terminé. Tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même si tu n'as pas su la protéger. Je ne suis en aucun cas responsable de sa mort. Maintenant, tu vas gentiment déguerpir et retourner sur ton île. Et ne tente aucune fourberie ; ma magie te surpasse de très loin.

Morgane se détourna de Luc, soupirant. Elle recula, croisant ses bras. Les deux serpents gigantesques disparurent tandis que la sorcière tournait le dos au prince. Mais lui... Frappa dans ses mains, criant quelques mots.

- Iniéra terra do mani !

Un petit filet de poussière se souleva du sol juste au-dessous de Luc, formant un petit tourbillon autour de lui. Soudainement, la colonne de poussière se figea, et toute la matière microscopique se rejoignit pour former un gros pic de roche qui ne tarda pas à partir en direction de la sorcière, qui était de dos. Celle-ci se retourna brusquement, tendant sa main libre en direction du javelot de pierre. Au moment-même où l'arme toucha la paume de sa main, elle se détruisit, revenant à l'état de poussière. Morgane soupira avant d'adresser un regard dénué de sentiments en direction de Luc.

- Quitte cet endroit immédiatement. C'est mon dernier avertissement.

Le prince, comprenant qu'il ne pourrait rien face à cette femme, recula de quelques pas avant de détaler le plus rapidement possible. Il ne fallait pas rester dans cette grotte, c'était trop dangereux. Il sauta dans l'embarcation de bois avant de prononcer la petite formule magique pour permettre la traversée de retour tout en jetant quelques regards en arrière. Mais Morgane ne fit strictement rien, se contentant simplement de l'observer prendre le large. Elle en avait enfin terminé avec cette histoire. Et, dans le fond, elle était assez fière de Luc et de ce qu'il était.

*****

Le regard vide, les yeux et les joues gonflées, la tête baissée, Luc marchait d'un pas très lent. Encore abasourdi par ce qu'il venait de vivre, il ne savait plus quoi penser, plus quoi faire. Elena avait sacrifié sa vie pour lui et son père... Et il n'avait rien pu faire pour l'en empêcher. Pire encore, il n'avait pas été capable d'abattre la femme qu'il tenait pour responsable de cette mort. Cette Morgane... Elle savait depuis le début qu'Elena avait donné sa vie, mais elle s'était bien gardée de le révéler au Prince. Luc se jura de se venger, mais pas tout de suite. Il n'en avait pas encore la force.
Il arriva au donjon et ouvrit lui-même les deux grandes portes de bois aux arabesques métalliques sans grande conviction. Il alla jusqu'à s'aider de la rampe de pierre pour monter les très grands escaliers. Il devait voir son père, au moins pour se dire que le sacrifice de sa bien-aimée n'aura pas été vain. Deux gardes l'y attendirent, et lorsqu'il se présenta à eux, aucun n'ouvrit la porte. Les deux hommes du Roi se scrutèrent l'un l'autre dans les yeux, quelques gouttes de transpiration perlant de leur heaume métallique. L'un d'eux prit enfin la parole, expliquant à Luc qu'il ne pouvait le laisser rentrer. Suspicieux, le Prince releva sa tête.

- Comment ça, vous ne pouvez pas me laisser entrer ?
- Malheureusement, vous n'avez plus l'autorisation de pénétrer dans cette chambre. Vous êtes...

Un grincement de porte interrompit le soldat qui se retourna, voyant l'entrée de la chambre s'ouvrir. Lucas apparut alors, et adressa un petit signe de main aux gardes ainsi qu'un petit sourire.

- Laissez-le rentrer, tout de même. Qu'il contemple son œuvre.
- Mais...
- Déguerpissez.

Contrairement à la première phrase, dite sur un ton beaucoup plus mielleux, il envoya le dernier mot telle une volée de flèche, avec froideur et autorité. Les gardes ne se firent pas prier et quittèrent aussitôt la pièce, laissant les deux frères seuls. S'avançant dans la pièce et laissant Lucas sur le seuil de la porte, Luc observa attentivement le grand lit royal à baldaquin. Quelle ne fut pas sa surprise d'y découvrir le corps de son père, la peau pâle, ne bougeant pas. Dormait-il ? Il s'approcha du matelas, traînant les pieds sur le sol. Enfin arrivé à la hauteur de son père, il toucha doucement un petit bout du bras pâle avec ses doigts et Luc ne put s'empêcher de lâcher une grimace tant le corps était froid. D'un seul coup, il tomba à genoux, collant sa tête contre la poitrine du roi. Non... Pas lui aussi... Il était mort ! Mais pourquoi ? Elena avait pourtant donné sa vie en échange de celle de son père. Alors... Pourquoi l'échange n'avait-il pas marché ? Il tourna très lentement son visage très lentement en direction de son frère. Qu'avait-il dit à l'entrée de la chambre ? Qu'il fallait que Luc contemple son œuvre ? Mais... Il ne l'avait pas tué. C'était encore un coup de Morgane, ou d'autre chose, mais certainement pas de Luc. Jamais il n'en aurait été capable. Lucas lui adressa un petit sourire.

- Tu es très certainement content de toi.
- Je n'ai pas tué Père...
- Ah oui ? Eh bien toutes les preuves t'accablent, toi et ta petite amie.
- C'est elle qui s'est sacrifiée pour lui donner la potion et toi...
- Justement, c'est en buvant cette potion que père est mort ! Et deux gardes t'ont vu entrer avec. Je n'aurais jamais cru que mon propre frère aurait été capable de cela...

Luc arqua un petit sourcil, respirant lentement. C'était assez étrange car son jumeau parlait avec un ton trop sûr, sans aucune surprise dans la voix, comme si il avait déjà deviné que père allait mourir. Et pour le sorcier, c'était un nouveau choc... Les deux êtres qui lui étaient les plus chers venaient de mourir. Et voilà que Lucas le tenait pour responsable de cela. Se détournant de son frère qui l'accusait alors qu'il n'avait rien fait, Luc caressa doucement avec un doigt la joue gauche de son père, descendant doucement jusqu'au cou... Et il toucha un collier. Un étrange phénomène se produisit alors. Lorsqu'il toucha l'objet au cou de son père, il sentit une décharge magique aller dans son corps. Mais c'était une magie... Noire. Très noire. Il le sentait, c'était une magie interdite dans l'Ancienne Religion. Les rites noirs étaient bannis de l'île, la magie noire étant trop néfaste et coûtant beaucoup trop cher pour être utilisée. Sa vision devint toute noire entre-temps. Mais il ressentit également une autre magie... Beaucoup plus commune... Celle de son frère. Elle était facilement reconnaissable pour lui. Les couleurs revinrent et il recouvrit sa vue normale. Il sortit le collier de la tunique à son père et c'est avec stupeur qu'il le reconnut. C'était une petite chaîne argentée avec, au bout, un petit cœur de métal gris avec deux prénoms taillés dans chaque face : Luc d'un côté, et Elena de l'autre. C'était elle qui lui avait offert ce collier pour son anniversaire, il y a trois ans. Il essayait de le porter la plupart du temps, mais dans la précipitation avec les derniers événements, il l'avait laissé dans sa chambre... Mais pourquoi son père le portait-il autour du coup ? Et surtout... Pourquoi sentait-il une puissante magie noire couplée à la magie de son frère ? Tout commençait à se relier dans la tête du sorcier. Cette assurance chez son frère, Morgane qui semblait savoir à l'avance qu'ils allaient venir la voir, la mort de son père et le collier empli de magie noire et de celle de Lucas... Le doute n'était plus là. Il fallait être complètement dupe pour ne pas se rendre compte des faits : Lucas était derrière tout ça. Ne prenant pas la peine de regarder son frère, Luc s'exprima d'une voix tremblotante, d'une part à cause de ce qu'il vivait, et d'autre part parce qu'il essayait de contenir sa colère.

- Tu vas... Me faire avaler ça ? Tu veux... Me tenir responsable de ce que tu as fait ?
- Mais, Luc, toutes les preuves t'accusent ! J'ai même trouvé au cou de père un petit collier qui, il me semble, t'appartient...
- UN COLLIER OÙ J'AI SENTI TA MAGIE ! Et tu vas me faire croire qu'elle est arrivée toute seule là, avec cette magie noire ? TU AS TUÉ NOTRE PÈRE !

Luc n'en pouvait plus. Il prit une grande bouffée d'air et se leva, s'approchant de l'unique fenêtre ouverte dans la chambre royale. S'y postant, il se retourna vers son frère, le visage rougi par la colère et les yeux humides. Il ne voulait pas s'en prendre à son frère, même en sachant ça... Ils avaient grandi ensemble... C'était inimaginable. Mais Lucas gardait son assurance et son aplomb, lâchant un petit sourire provocateur. Il leva les mains, comme si il venait d'être pris la main dans le sac.

- Bravo, bravo, je m'avoue démasqué. De toute façon je n'allais pas le cacher à toi. Tu es mon frère après tout.
- Comment as-tu osé... POURQUOI ? Tu as tué père... ET ELENA EST MORTE PAR TA FAUTE !
- Laisse-moi m'exprimer voyons.

Malgré la tension qui régnait désormais dans la pièce, la voix sûre et calme du traître apaisait Luc, qui avait du mal à respirer. Lucas s'approcha du lit, et s'y assis à moitié en évitant avec soin le corps de son père.

- J'ai été motivé.
- J'ai toujours cru... Que tu agissais... Pour le peuple.
- J'ai toujours convoité le trône, c'est tout. J'ai un grand avenir devant-moi, et c'est quelque-chose que tu ne peux concevoir.
- Mais... De quoi parles-tu...
- D'une prophétie dans laquelle nous sommes mentionnés.

Luc écarquilla les yeux, surpris des propos de son frère. Il n'existait plus aucune prophétesse sur l'île, les dernières ayant été bannies car elles utilisaient les rite noir pour obtenir des visions. Et pourtant, Lucas connaissait une prophétie.

- Quelle prophétie ?
- Elle disait simplement que je serai le plus grand roi de tous les temps si mon père mourrait et si l'amour pur entre toi et Elena n'était plus.
- … C'est à cause de toi qu'elle est morte...
- Bien sûr. Je connais très bien la Triade. Et pour cause ; ces trois femmes m'ont sauvé la vie.

La conversation devint subitement beaucoup plus intrigante et elle permit à Luc d'être encore plus calme. Il interrogea son frère sur le fait qui venait d'être énoncé. Celui-ci expliqua qu'à l'époque, il y a de cela environ sept ans, il avait dirigé une expédition d'aventuriers dans les Terres Inconnues. Luc s'en souvenait ; il s'était fait un sang d'encre car son frère et ses hommes n'étaient pas revenus avant plusieurs mois, chose rare. Finalement, Lucas était rentré, mais seul, ses hommes s'étant faits décimer par une terrible bête.

- Je me souviens très bien de ça. Quel est le rapport ?
- Eh bien la bête m'a aussi attaqué. Mais j'ai réussi à lui échapper, blessé. Je me suis réfugié dans la première grotte que j'ai trouvé. Et...
- Il s'agissait du repaire de Morgane ?
- C'est exactement ça, à ceci près qu'il y avait également les deux autres membres de la Triade..
- Et elles ont soigné tes blessures ?
- En effet. Mais en touchant mon sang, elle se sont soudainement mises à prononcer des paroles étranges, qu'elles ont ensuite répétées en boucle.
- La prophétie...
- C'est exact. Alors, en échange de mes blessures pansées, elle m'ont fait jurer de ne jamais oublier cette prophétie qui allait faire de moi un grand roi. Et c'est ce que j'ai fait. Voilà maintenant que j'accomplis ma destinée.
- Tout ça pour une vulgaire prophétie ?
- Il faut savoir juger ce qui est bon pour soit, Luc. Tu es mon frère jumeau, on a grandi ensemble. Je ne peux pas vraiment me résoudre à te tuer. Alors tu vas partir.
- Tu...
- J'ai tout organisé pour que tu sois accusé du meurtre de notre père. En tant que nouveau roi, je vais t'exiler. Toi, tu seras loin, emportant la vérité avec toi, tandis que moi... Je serai au sommet.

Tout en finissant sa phrase, Lucas tapa dans ses mains, hélant ses gardes de venir. Il avait amplifié sa voix à l'aide de sa magie, permettant ainsi aux gardes de l'entendre alors qu'ils gardaient la grande porte du donjon. Mais ce n'était pas tout ; il avait envoyé un message mental magique à tous les notables de l'île habitant dans la forteresse pour qu'ils se rassemblent en bas du donjon, sur la grande-route.

- Lucas...
- Et n'essaie pas de te défendre, tu sais très bien que c'est inutile. En plus, tu as vraiment sale mine...

Les gardes arrivèrent et s'approchèrent de Luc, qu'ils prirent chacun par un bras. Le prince ne tenta pas de résister. Il connaissait très bien son frère, et il savait qu'il ne pourrait rien contre l'intelligence de Lucas. C'était trop tard ; il ne pouvait qu'accepter cette trahison, comme il venait d'accepter la mort de son père, comme il venait d'accepter la mort d'Elena. Le forçant à avancer et à quitter la pièce, les hommes de main de Lucas le menèrent jusqu'à sa chambre. Le poussant à l'intérieur de la pièce, Luc put entendre la voix de son frère, à l'extérieur, qui lui permettait de prendre quelques affaires rapidement. C'était une preuve de bonté, une lumière dans les sombres événements. Et Luc, malgré l'humiliation et la trahison qu'il subissait, s'avança dans la chambre pour observer le premier objet qu'il aurait envie de prendre. Il n'eut pas à chercher bien longtemps ; une petite boîte de bois attira en premier son attention. Posée sur le lit, il s'agissait de celle que son père lui avait légué avant sa mort. Il s'en approcha, la saisi, la plaça sous son bras avant de retourner auprès des gardes. Malgré son regard suspicieux, Lucas ne chercha pas à connaître le contenu de l'objet. Il ordonna aux gardes d'escorter Luc à la sortie du donjon, tandis que lui-même allait se poster sur le grand balcon royal, utilisé le plus souvent pour l'annonce de grands discours. Il soupira. Il s'était préparé à ce moment, et pourtant il avait un pincement au cœur. Durant toutes ces années où il était conscient de la prophétie le concernant, il avait cherché à s'éloigner de son frère et de son père, à effacer l'amour familial qu'il y avait entre-eux. Incapable de se résoudre à tuer son frère, Lucas avait finalement réussi à trouver la parade pour l'exiler. Mais il fallait le faire. Pour lui, pour son trône et pour son avenir.
Il observa la grande route de pierres qui s'élançait bien en-dessous du balcon et qui semblait se diriger vers un point très lointain. Au bout de quelques minutes, des bruits de pas se firent entendre, et enfin son frère ainsi que les gardes qui l'escortaient firent leur apparition. La foule les observait. Tandis que certains arboraient des mines déconfites, d'autres criaient des « Pourquoi ? ». Le nouveau prit la parole.

- Peuple de l'Ancienne Religion, j'ai une excellente nouvelle pour vous. Un meurtrier a été arrêté. Quelqu'un qui nous avait promis de sauver le roi, mais qui finalement l'a aidé à mourir. Il s'agit, comme vous pouvez le constater, de Luc, fils de notre roi bien aimé.

L'assemblée laissa échapper des soupirs et des hoquets de surprise quant à cette annonce. Leur rince, si gentil, si altruiste, très proche du peuple, qui assassinait son propre père ? C'était inconcevable.

- En tant que nouveau roi suite à la lecture du testament de mon père et en vertu des pouvoirs qui me sont conférés, je déclare Luc coupable de meurtre et le condamne à l'exil.

A peine eut-il fini sa phrase que Luc se mit dos à l'assemblée et quitta le balcon. Il était roi désormais, et son glorieux avenir venait de débuter. Alors pourquoi avait-il une petite larme qui coulait sur la joue ? Certainement la joie de sa victoire...

Les gardes quittèrent Luc une fois qu'ils l'eurent mis dans une barque et envoyé sur l'eau. Pendant tout le trajet, il n'avait rien laissé paraître. Il avait gardé la tête haute, il avait voulu paraître digne devant tous. Il n'était que la victime d'une fourberie. Il n'avait rien à se reprocher. Et il n'allait pas donner la satisfaction à son frère de le voir pleurer, de le voir affecté par ça, non. En revanche, à peine les gardes l'eurent-ils laissé qu'il s'écroula en pleurs dans la petite embarcation de bois. Il était décidément maudit. Il avait été si naïf pour ne pas voir son frère préparer un plan comme celui-là... Et il n'avait même pas été capable de protéger sa bien-aimée. Une vague de pensées tristes s'empara de Luc, et il lui fallut un nombre incalculables de minutes pour se calmer. Se reprenant, il se rassit, observant au loin. S'il se souvenait bien de la règle de l'exil, la barque avait été ensorcelée pour la mener tout droit vers les Terres Inconnues, où il devra survivre et y passer le reste de ses jours. Dire que son frère aurait pu le tuer à la place...
C'est un bougeant ses jambes que Luc rencontrant un objet dur dans la barque. Se courbant, il l'attrapa, et constata qu'il s'agissait simplement de la boîte que son père lui avait légué. Le seul objet qu'il avait pris avec lui. Il ne l'avait toujours pas ouverte... Peut-être était-ce le moment ? Alors, il posa doucement sa main droite sur le couvercle de bois, et l'enleva très lentement...
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