Au coeur de la magie ~ Saison 4 (PV: Luc)

|| Je lançais une petite pincée d'une poudre dorée dans le gros chaudron métallique noir devant moi. Je soufflais doucement sur la fumée pourpre qui s'élevait de la marmitte. Prenant dans ma main gauche une petite fiole contenant un liquide verdâtre peu appétissant qui se trouvait sur la vieille table de bois du même côté, j'enlevais le bouchon de liège et je versais quelques gouttelettes dans la préparation magique. Celle-ci commença à bouillir d'un seul coup, gardant sa couleur violette. La voilà qui était prête. Rebouchant et reposant le flacon que j'avais précédemment utilisé, j'en pris cette fois-ci un vide que je tendis proche du chaudron. Tendant mon index droit au-dessus du contenant, je le fis légèrement tourner, et une petite traînée de liquide s'envola, et suivant une direction tracée magiquement, alla directement se loger dans la fiole vide.
Je m'écartais du récipient noir et du feu sur lequel il se trouvait pour me diriger dans un autre coin de mon laboratoire. Car, oui, je me trouvais dans l'une de mes salles les plus importantes. Des étagères, des armoires de bois et des vitrines s'étendaient contre les murs, toutes remplies de potions, d'ingrédients ou encore d'étranges bibelots en tout genre. De nombreuses tables en bois et en marbres étaient envahis de livres, de parchemins, de fioles renversées ou de plantes déjà coupées.  Et, au fond de la pièce, placé au-dessus d'un petit feu crépitant, un gros chaudron. L'endroit rêvé pour préparer de nombreuses mixtures magiques.
Je m'étais avancé jusqu'à une toute petite colonne de marbre qui était un peu cachée. Elle faisait un mètre cinquante à peu près, et son tout petit plateau permettait de faire tenir un objet : un petit talismant metallique blanc, représentant une sorte de dragon, avec, incrusté dans le corps de l'animal, une pierre précieuses verte en forme de cœur. Ce collier était d'une importance capitale pour moi, car c'était pour moi l'une des de mes dernières cartes pour La ramener.
Je plaçais la petite fiole juste au-dessus de l'objet métallique avant de faire couler le liquide violet au-dessus. Ceci fait, je fis disparaître la fiole en un petit nuage de fumée noire, et de tendre mes deux mains vers la petite colonne. ||

- Sohoro mielé vrama mortéléas ikza igiligi moflo...

|| M'exprimant d'une voix glaciale, je m'arrêtais subitement dans ma formule magique, étonné de ce qui venait de se produire. Le liquide pourpre qui recouvrait le pendentif venait... De disparaître ! Comme si il avait été aspiré par le collier. Mais il n'y avait aucune réaction de celui-ci. Je me mordillais doucement la lèvre, avant de récupérer d'un geste brusque le talismant pour le mettre autour du coup. Encore un échec ! Cela en devenait consternant. J'avais une nouvelle fois raté l'occasion de faire marcher cet objet magique, l'une des dernières reliques de « la magique la plus puissante de toutes ». Je ne savais plus comment m'y prendre. Aucun sortilège de voulait le faire marcher, aucune potion ne semblait lui faire un quelconque effet. Rien. J'avais réussi par je ne sais quel miracle à trouver ce pendentif, mais pour l'activer, c'était une autre paire de manche. Autant chercher du foin dans une botte d'aiguilles.

Je quittais vivement la pièce, marchant d'un pas pressé. Et si j'allais à la bibliothèque ? Oui, je n'avais pas encoe vu tous les ouvrages depuis les nouveaux arrivages. Peut-être trouverai-je la perle rare...
Tout en marchant, je fis apparaître mon long et grand bâton noir surmonté d'une flamme turquoise dans ma main droite. Et c'est en passant dans la salle qui reliait la Chapelle supérieure et mes sous-sols que j'eus une idée. Cette vaste salle, peu éclairée et sentant l'humidité, était composée essentillement... De marbre. Des murs et un sol de marbre, et des colonnes, un nombre incalculable de colonnes de marbre soutenant le plafond, et formant des cercles de piliers circonscrits les uns dans les autres. Et, au centre de la pièce, se trouvaient deux autels sacrificiels, où étaient prisonnières... Niniel l'Illusionniste et Morgane l'Immortelle, accessoirement ma tante. J'avais là deux cerveaux remplis de connaissances, deux cerveaux utiles en somme...
Je m'approchais du centre de la pièce, tapant sur le sol avec mon bâton tous les trois pas, comme une personne âgée ayant des difficultés à marcher, et en tendant l'oreille, je pouvais entendre Niniel réciter quelque chose... Mais surtout Morgane qui venait de lui intimer à se taire. Eh bien, cela semblait être la joie entre les deux... Je me positionnais entre les deux autels, sachant pertinemment que les deux femmes ne pouvaient rien me faire. ||

- Je sens comme une... Animosité dans cette pièce. Ma foi, je venais vous proposer votre liberté en échange de votre aide.

|| Tout en parlant, je montrais le pendentif que j'avais autour du coup tout d'abord à Morgane, qui l'avait déjà vu, et ensuite à Niniel, qui devait certainement le voir pour la première fois. D'ailleurs, j'approchais doucement mon visage à quelques centimètres du sien, pour lui murmurer quelques mots. ||

- Mais finalement, tu dois te ravir ici, enfermer par un sorcier de pacotille comme moi, en compagnie de Morgane... Huhuhu...

|| Au plus profond de moi-même, durant mes quelques secondes de réflexion quant à cette idée de leur demandeur une aide, je me doutais que j'allais essuyer des refus. Il est vrai que dès lors où j'ai obtenu ce pendentif, je n'ai pas cessé de harceler ma tante Morgane pour avoir les informations nécessaires sur le Galator. Je savais très bien qu'elle possédait encore plus de connaissances que moi, ce qui n'esdt pas rien, et qu'elle savait des choses sur le Galator. La magie dans laquelle est née cette relique est très ancienne, aussi vieille que le monde, mais contrairement à certaines autres, celle-ci a progressivement disparu de notre monde. Cet objet est l'un des uniques restes, et on ne sait rien de lui. Ni son mode de fonctionnement, ni à quoi il sert. Dans les rares écrits que j'avais découvert, on ne nous disait que très peu de chose sur cette fameuse magie, simplement qu'il s'agirait de « La magie la plus puissante du monde ». Capable de manipuler le pouvoir de vie et de mort... C'était justement la seule chose qui me manquait. Dans l'Ancienne Religion, la source de ma principale Magie, le pouvoir de vie et de mort est très limité. On peut sauver une vie en en sacrifiant une autre, mais le pouvoir de résurection n'existe pas. D'ailleurs, dans aucune autre magie. On peut ramener des cadavres à la vie en tant que pantin, ou que sais-je encore, mais réanimer quelqu'un à son état d'origine, sans amnésie ou autre, cela était impossible à ma connaissance. Et Dieu sait que je suis un puit de connaissances.

J'observais l'Illusionniste démoniaque, un petit sourire provocateur sur les lèvres. Mais elle ne réagit pas vraiment à celle-ci et en profita pour me lâcher une petite critique sur mes méthodes de persuasion. Il est vrai que je n'avais presque rien obtenu de Morgane, mais cette maudite Immortelle possède des pouvoirs donnés par les Dieux de l'origine, dont une barrière de protection mentale qui m'est infranchissable, et ce n'est pas faute d'avoir essayé. Mais ce qu'elle dit ensuite me laissa perplexe. Un... Pacte. Cela faisait un petit moment que l'on se cotoyait, et je ne m'étonnais pas qu'elle puisse connaître mon goût prononcé pour ce type de marchandage, mais qu'elle m'en propose un, cela m'étonnait beaucoup. Mais d'ailleurs, comment osait-elle me faire ce genre de proposition alors que j'étais en position de force ? Quoique, si l'on y réfléchissait bien, je n'étais pas si avantagé que ça... J'avais beau la maintenir prisonnière, elle semblait pouvoir passer le temps ; en revanche, j'avais absolument besoin des renseignements sur le Galator. Et je me doutais bien qu'elle sait de quoi il s'agit puisqu'elle est restée bloquée quelques secondes dessus. Ma foi, je n'avais pas trop le choix. ||

- Il me semble que je n'ai pas le choix...

|| J'allais la libérer... Mais je n'étais pas dupe. Si je suis resté aussi longtemps en vie, c'est bien parce que j'avais été vigilent. Hors de question de déroger à cette règle maintenant. Je restais donc proche de l'autel sacrificiel où était allongé Niniel, et je levais mon arme au-dessus d'elle, le bout enflammé... Dans son sens. ||

- Bradvia Niniel mork déméndas poro magikas.

|| Lorsque j'eus prononcé ma formule magie de l'Ancienne Religion, je donnais un coup de bâton enflammé en plein dans le ventre de Niniel. La flamme ne brûlait pas vraiment, seul l'impact de son ventre avec l'arme aurait pu lui faire avoir une quelconque douleur. Les chaînes magiques noires et bleues disparurent toutes, les écritures magiques qui étaient sur Niniel et sur l'autel également... A l'exception d'une petite dernière. Une dernière phrase magique était resté sur l'autel, à peu près à l'endroit où j'avais tapé son corps avec mon bâton, mais qui s'était mise sur la pierre. Cela allait me permettre, à l'aide d'un simple contact avec mon bâton ou avec l'une de mes parties du corps sur l'Illusionniste de la renvoyer ici, sur cet autel, prisonnière, si jamais elle désirait me trahir dans notre pacte. Ceci fait, je l'invitais d'un mouvement du regard à se relever, restant impassible. J'entendais déjà Morgane pester puisque le pacte avec Niniel ne m'avait fait libérer que l'Illusionniste, et uniquement elle. Et puis, je préférais garder ma tante à mes côtés, quelques discussions familiales, ça fait toujours du bien, et surtout elle avait encore des choses à... M'apprendre. Il me faut bien quelqu'un à torturer. Mais pour l'heure, c'était avec Niniel que j'allais apprendre, du moins je l'espérais, la façon d'utiliser le pendentif. ||

- Je t'écoute.

|| Je ne savais pas vraiment si j'étais conscient de ce que je faisais. Quelques jours plus tôts, j'avais fait prisonnière cette maudite illusionniste perfide, et là je la libérais sur un simple coup de tête, un pacte qu'elle m'avait elle-même proposée. Si sa parole était aussi fausse que ce qu'elle avait fait la dernière fois, à savoir me La ramener, je devrais renoncer tout de suite. Mais j'avais fait un pacte... Et j'honore mes paroles. Dans le monde magique, les marchés doivent êtres respectés en majorité. Certains sont mêmes nommés « serments inviolables » car, lorsqu'on déroge aux règles qu'impliquent l'accord, alors on perd la vie. Mieux vaut donc faire honneur à ce que l'on a dit, même si c'était avec Niniel qu'on avait conclu quelque chose. Je n'avais aucune confiance en cette vipère qui me déteste et surtout qui La déteste.

Dès lors que je l'avais libéré, cette chère mage noire m'avait pris le pendentif, et j'avais légèrement tremblé en le sentant quitter mon cou. J'y tenais beaucoup puisque j'avais foi en ce petit objet qui était censé posséder une puissance incommensurable, et le fait que ce soit une personne qui ne détient pas ma confiance me gêne un peu, mais elle semblait visiblement en avoir besoin pour me donner certains renseignements. Elle m'expliqua qu'il ne pouvait marcher qu'avec une parcelle d'amour. Jusque-là, j'étais déjà informé par le célèbre Enchanteur Merlin, mort, mais avec qui j'ai pu entretenir une certaine conversation il y a peu. En revanche, elle me révéla que ce fameux morceau d'amour... Ne se trouvait pas dans celui que j'entretenais avec la jolie blonde morte, qu'il soit pur ou pas. Il était contenu dans une relique. Encore une relique à débusquer ? J'ai eu énormément de mal à trouver celle-là et voilà que je devais maintenant me mettre à la recherche d'une autre, sans savoir à quoi elle correspond. Quelle plaie...
Je la laissais donc faire en écrivant ses runes sur son miroir, et elle me pris par surprise en m'entraînant avec elle dans celui-ci. Malgré ses efforts, car cela devait certainement lui en coûter de m'aider, je n'arrivais pas à lui faire confiance. Etait-ce à cause de notre discussion d'il y a maintenant plus d'un mois dans la forêt ? Notre première rencontre ? Ou tout simplement ma nature méfiante de sorcier cachant des choses ? Je n'en savais rien, mais pour le moment, Niniel n'avait pas ma confiance.

Nous voilà à présent devant cette étrange hute, à la décoration surprenante mais plutôt de goût. Pas de toute qu'une personne de nature magique ou folle vit ici. Niniel m'intima de rester ici pendant qu'elle rentrait dans la petite maison. Je serrais légèrement plus mon bâton avec ma main droite, et la perfide illusionniste sentit alors une petite pression sur son ventre. Je l'avais toujours à l'oeil, qu'elle ne l'oublie pas. Elle y resta une bonne minute, voire deux, avant d'en ressortir avec... Une troll ?! C'était une blague ? Une sorcière troll ? Je ne m'avançais pas sur sa spécialité, avec son masque sur la tête et son os dans le nez, mais cela semblait être shaman... Je m'y connaissais assez pour pouvoir affirmer une telle chose. Niniel était allée chercher loin, car de son espèce, il n'en reste plus beaucoup. En écoutant Niniel et en la voyant me pointer du doigt, je l'entendis dire qu'elle me présentait en précisant bien que je détenais le Galator, et qu'il fallait que cette fameuse Grashona m'aide. D'ailleurs, celle-ci semblait me... Jauger. Non, c'était différent. Je fermais doucement les yeux, canalisant mon énergie et respirant le plus doucement possible. Cela était bien plus profond finalement. Elle analysait mon... Âme. Mon cœur. Je lâchais un petit soupir, et tout en ouvrant les yeux, je lançais une quantité d'énergie magique psychique sur Grashona, la faisant légèrement vaciller. J'avais peur qu'elle n'essaye de deviner mes pensées, mes points faibles, mon amour trop fort... Alors, je l'interrompais dans sa discrète inspection que j'avais démasqué. ||

- Je déteste qu'on me fasse cela. Pas vous ? M'enfin...

|| Un nouveau soupir las quitta ma bouche. Si cette fameuse shaman troll venait de m'examiner de l'intérieur, à ce niveau-là, c'était pour évaluer mes intentions, évaluer ma pureté ou ma noirceur. Ce n'était pas quelqu'un à prendre à la légère en tout cas. Mais en faisant ça, elle me prouvait bien qu'elle ne m'aiderait pas forcément ; tout résultait de son examen, et uniquement de cela. ||

~| J’espérais intérieurement que j’avais fait assez forte impression pour que cette charmante shaman troll m’aide dans ma quête. Dans le cas contraire, je devrai malheureusement utiliser ma force de persuasion pour lui arracher les précieuses informations sur le Galator. Et lorsqu’elle annonça à Niniel qu’elle désirait s’entretenir seule avec moi, je ne poussais pas de soupir de soulagement, restant de marbre, mais mon cœur s’emballa. Double récompense : il semblait qu’elle allait m’aider, et elle nous débarrassait de l’Illusionniste avec cette demande ! D’ailleurs, pourquoi veut-elle que Niniel parte ? N’a-t-elle pas confiance ? Ma foi, cela ne me concernant pas, j’attendis le départ tant espéré de Niniel pour enfin m’adonner complètement à la Shaman. Ayant pleinement confiance en elle, je rentrais à sa suite dans son humble petite hutte ressemblant plus à une paillasse tribale qu’à autre chose. Elle s’était postée devant son grand chaudron, quant à moi je marchais calmement pour venir me placer en face d’elle, de l’autre côté de la marmite. Alors qu’elle préparait une drôle de mixture, elle commença à m’expliquer que la fameuse relique, « Amour », était en fait scindée en deux, donc une partie était dans le corps d’une certaine Alyra, et l’autre était dans mon cœur. Grashona continua à déblatérer des explications, cette fois sur la fameuse île des elfes en m’expliquant comment la relique était arrivée dans les mains d’Alyra… Alyra ?! |~

- Aaaaah ! Aaaaaaaah !

~| Je me pris brusquement la tête entre mes deux mains, lâchant un cri grave empli de douleurs. Des gouttes de sueurs commencèrent à rapidement ruisseler sur mon front. Ma vision se troublait. Je tentais de reculer, mais en faisant un pas, je tombai. Je lâchais ma tête, mon corps pris maintenant dans de violents tremblements. Alyra… Non…
J’arrivais enfin à me relever, chancelant. Mais, en tournant la tête vers la Grashona, ce n’est pas la Shaman que je pus voir… Mais une autre jeune femme. Elle avait de longues oreilles pointues qui signifiaient que ce n’était pas une humaine, mais bien une elfe. Ses yeux vert pomme luisaient, et ses beaux cheveux blancs comme la neige tombaient jusqu’à ses épaules en cachant une partie de l’œil droit. Une petite rose rouge sang était attachée à ses cheveux et ses lèvres montraient un doux sourire. Je secouais la tête ; ce ne pouvait pas être vrai. Ce n’était pas vrai. Je fermais les yeux, mais en les rouvrant la vision ne me quittait pas. Je tentais de reculer, mais mon corps ne voulait plus me répondre. Je voyais la jolie jeune femme s’approcher de moi, contournant le chaudron. Elle marchait d’un pas léger avec une grâce angélique, et une fois son corps juste en face du mien, elle… M’embrassa. Il y eut comme un bruit de fracas de verre dans ma tête, comme si on venait de briser une vitre qui retenait quelque chose depuis très longtemps. Je lâchais un nouveau cri. Peut-être que la shaman troll me prenait pour un fou ; ou peut-être savait-elle pourquoi je me mettais dans cet état.
Enfin, ma vision redevint correcte, me laissant voir Grashona et le reste de la hutte comme lorsque j’étais arrivé. Mes spasmes avaient cessés, mais j’étais encore bien trempé au niveau du front. Car la femme que je venais de voir durant ce court laps de temps n’était autre… Qu’Alyra, mon deuxième amour. Jusque-là un amour que je tenais caché de tous et de moi-même. Je m’étais lancé un sort il y a de cela des milliers d’années pour oublier le drame qui s’était produit… Elle était morte… Encore une morte… Je laissais échapper une larme, qui se mêla aux gouttes de transpiration. Oui, malgré la mort d’Elena, la mort de mon père, de ma mère, la trahison de mon frère, mon côté mage noir qui était apparu, j’étais finalement retombé amoureux, complètement par hasard… Mais cela c’était une nouvelle-fois finit. Alyra était censée être partie sur l’île des Elfes en bateau pour revoir sa famille, mais… Son navire avait coulé. Elle était morte. Morte ! |~

- Al… Alyra est… Morte ! Morte !

~| Je repris doucement mon souffle, m’approchant du chaudron de Grashona. Ce que je vis ne pouvait me tromper ; une image d’Alyra. Comme je le pensais. Cette maudite Shaman avait raté son sort ou c’était trompé d’époque ! Mais Alyra reste morte. J’allais détourner le regard jusqu’à ce que le liquide contenu dans le récipient se mette à se troubler… L’image commença à se déformer. Elle devint beaucoup plus sombres… Le visage se précisa… Niniel… NINIEL L’ILLUSIONNISTE ! Je croyais rêver. Je croyais rêver. Est-ce imaginable ? Niniel serait… Alyra ? Non, non, bien sûr que non, c’est strictement impossible… Et pourtant… Cela semblait être le cas…
Mon visage, précédemment triste, devint soudainement colérique, et je levais ma tête pour observer Grashona. |~

- Qu’est-ce-que ça veut dire… ?

- J’ai… Tout effacé… Tout détruit…

~| Je ne pus m’empêcher de grimacer une nouvelle fois tant mon mal de crâne était fort. Et dire que j’avais vécu avec ce secret des milliers d’années, un secret enfoui au plus profond de ma mémoire. Je n’aurai jamais pensé que mon sortilège d’amnésie soit rompu. C’était si bête… Je me triturais une mèche de cheveux bleus, écoutant du mieux que je le pouvais la Shaman. Alors comme ça mon cher et tendre jumeau aurait corrompu Alyra ? Je n’y croyais pas vraiment. Lorsqu’on est corrompu par quelqu’un, c’est parce que notre conscience se sent attirée, et qu’une part de nous-même le veut finalement. Ce serait autant de la faute de mon frère que d’elle... Je fermais les yeux, respirant doucement, tout en laissant Grashona finir ses explications..

Il y a des milliers d’années, dans une drôle de forêt…

Les rayons de soleil qui perçaient à travers les feuillages verdoyant des arbres me firent ouvrir les paupières. Je lâchais un soupir. Je me rendis compte que j’étais allongé sur un sol d’herbe, mais je ne pus m’empêcher de crier de douleur lorsque je tentai de me relever. Cela ne pouvait signifier qu’une chose : j’étais en vie. Avant mon départ pour le monde de l’inconscience, j’avais enfin retrouvé la trace de ma chère Tante Morgane, qui s’occupait de drôles d’affaires dans la forêt d’Astrid. Je n’avais pas pu résister à l’occasion de pouvoir l’abattre. Malheureusement pour moi, elle semblait m’avoir attendu, comme si elle savait que j’allais venir la combattre, et m’avait mis au tapis. J’avais, au dernier moment, réussi à m’échapper de ses griffes, mais pas indemne, malheureusement… Mais j’avais cru ma blessure mortelle… Alors pourquoi suis-je encore vivant ? |~

- Evite de bouger, ce serait bête de quitter ce monde alors que je t’ai soigné !
- Quoi ?!
- Oh, oui, excuse-moi ! Je me nomme Alyra ! Je suis une elfe !
- Une… Elfe ? Mais… Où sommes-nous ?
- Aux alentours de la forêt d’Astrid ! Eh bien, disons que… Que… Je suis de voyage ! Et j’ai bien fait de l’être, puisque je t’ai trouvé ! Tu as de la chance que je ne sois pas une elfe avare !
- …
- Mieux vaut que tu ne bouges pas, ce que je t’ai appliqué fait effet lentement, mais c’est la seule chose qui m’a permis de te garder en vie.
- …

~| Je soupirais. J’étais donc un incapable ? Je n’avais toujours pas réussi à mettre ma maudite tante en état de nuire, et c’est une elfe qui m’avait sauvé la vie. Je me décidais à ne pas lui répondre, espérant qu’elle me laisse tranquille. Avoir des gens autour de moi et qui s’occupent de ma santé et de mon corps, ce n’était pas du tout quelque chose que j’appréciais. Malheureusement, elle semblait avoir raison ; un petit coup d’œil lancé en direction de mon torse nu m’indiquait que la blessure était à peine en cours de guérison. Je tournais doucement la tête vers ma « sauveuse ». Je lui avais répondu sans même la regarder, quel malpoli j’étais… De jolis cheveux couleur neige qui tombaient jusqu’à ses épaules, un visage pur, jeune et lisse, des oreilles pointues mais surtout… Deux grands yeux verts brillants. Elle était en train de malaxer des feuilles dans un petit bol de terre cuite. Lorsqu’elle sentit le poids de mon regard froid sur elle, la jeune elfe glissa son regard dans le mien, m’adressant un petit sourire que je ne rendis pas. Elle continua sa petite affaire avec ses herbes tout en m’observant. |~

- Tu sais, pas la peine de me regarder comme ça ! Et puis… Il te faudra être bavard pendant tes semaines de convalescence.
- Mes… Semaines ?!
- Ah, tu ne parles que quand ça t’intéresse ? Oui, oui, ta blessure va guérir lentement ! C’est plus que physique, c’est même magique là !
- …
- Tant pis. Tu me parleras quand tu le voudras alors ! Parce que je ne sais même pas qui tu es !

~| Je soupirais d’un air las, laissant mon regard un petit instant se balader dans ses yeux couleur pomme. |~

- Luc. Je m’appelle Luc. ~| Quelle plaie… |~

A nos jours…

~| J’observais Grashona faisant les cent pas autour du chaudron. Niniel est Alyra… Non. Etait. Car c’est Alyra qui à présent est cette maudite illusionniste. C’était dur à avaler… Mais le plus dur restait à faire. Il me fallait récupérer la relique qui était contenue dans son corps, et celle dans la mienne. Je réfléchissais, laissant la shaman troll penser avec moi, quand j’eus tout à coup une idée. Et si… Oui, cela collait avec ce que m’avait expliqué Grashona sur le fait que la relique s’était scindée et le voyage d’Alyra… Cela pouvait marcher. |~

- Grashona… Ramène-moi Niniel s’il-te-plaît… Je… Je pense savoir comment réunir les deux parties de la relique.